Un « Liliom » bohême et coloré au TGP repris au Théâtre de l’Odéon
Jusqu’aux 28 juin, la pièce de de Molnar mise en scène par Jean Bellorini se joue aux ateliers Berthiers. Nous l’avons vue au Théâtre Gérard-Philippe et vous livrons notre critique.
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Après la version “beauf” de Galin Stoev à la Colline l’an dernier (voir notre article), la pièce du hongrois Ferenc Molnar qui a inspiré à Rodgers/ Hammerstein II leur comédie musicale Carousel est décidément à la mode. Présentée au Printemps des comédiens l’été dernier à Montpellier, la version colorée de cette histoire d’amour et de pauvreté imaginée par Jean bellorini entre avec bruit et fureur dans le chapiteau du TGP de Saint-Denis. A grand renfort de musique, l’histoire d’un vaurien se transforme en cirque de vie… un peu lourd mais efficace.
[rating=3]
Liliom (Julien Bouanich) travaille au carrousel de la foire où il a beaucoup du succès auprès des femmes et fait les 400 coups avec son ami Dandy (Marc Plas). Mais un jour il s’entiche de la belle et jeune Marie (Amandine Calsat). Il quitte alors le monde forain pour emménager dans une masure misérable (sur scène une roulotte) avec elle. Amoureux, les deux tourtereaux ne sont pas heureux, ils ont trop peu pour vivre et Lilom est un vaurien qui a à la fois besoin de liberté et en même temps ne supporte pas voir sa chérie pleurer. Lorsque Marie lui apprend qu’elle est enceinte, Liliom décide de commettre un larcin avec Dandy pour prendre l’argent et partir vivre aux Etats-Unis. L’échec de ce plan est fatal à Liliom…
Après un début en fanfare (au sens propre), cette version de la pièce propose de transposer cette pastorale du 20ème siècle dans le burlesque coloré d’une fête foraine. Si la scénographie est parfaitement réussie, le rythme et le jeu des acteurs ne suivent pas tout à fait. Il y a des moments très démodés dans la pièce, que les numéros de ventriloques et la traduction de la langue en argot contemporain ne font que renforcer. La scène au paradis est vide expédiée avec un Saint-Pierre en porte-jarretelles et la réplique finale assez terrible sur la violence faite aux femmes et son lien à l’amour n’est pas le moins du monde recontextualisée. Et pourtant, ils sont sympathiques, les jeunes tourtereaux désemparés et Liliom est un personnage absolument fascinant, un mauvais garçon qui rate les marches de toute rédemption et sur lequel il aurait peut-être été intéressant de voir se poser un parti-pris. Malgré ces maladresses de fond, sur la forme bigarrée que Bellorini offre à Liliom, décor et musique font la joie du public, notamment les scolaires qui sortent des deux heures de spectacle le sourire jusqu’aux oreilles.
Liliom de Ferenc Molnar, mis en scène Jean Bellorini, avec Julien Bouanich, Amandine Calsat, Julien Cigana, Delphine Cottu, Jacques Hadjaje, Clara Mayer, Teddy Melis, Marc Plas, Lidwine de Royer Dupré, Hugo Sablic, Sébastien Trouvé, Damien Vigouroux, 2h.
visuel : Pierre Bolzani