Théâtre
Tommy Milliot ouvre la brèche du talent au Festival d’Avignon

Tommy Milliot ouvre la brèche du talent au Festival d’Avignon

23 July 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Dernier jour du Festival d’Avignon, et on en est sûr, Tommy Milliot fera tout de même le plein ce soir pour son final dans l’inconfortable salle du Gymnase du Lycée Mistral, car La brèche est une révélation de modernité.

Avant que le nom de Tommy Milliot ne soit inscrit au programme du Festival d’Avignon, il nous était inconnu. Sa compagnie Man Haast a été créée en 2014 et elle est basée à Marseille. Son credo : mettre en scène des auteurs vivants.  La règle est respectée pour sa troisième mise en scène, La Brèche (The MacAlpine Spillway), de l’américaine Naomi Wallace. Nous avions repéré ce texte lors de la Mousson d’été 2018, et nous avions hâte de le voir monté. C’est chose faite.

Je nous souhaite la chance de trouver le sommeil

Lena Garrel, Matthias Hejnar, Pierre Hurel, Dylan Maréchal, Aude Rouanet, Alexandre Schorderet et Edouard Sibé sont Frayn, Oak, Acton et Judith.  Oui, sept comédiens pour quatre rôles. Ils forment une bande de potes unis comme les doigts de la main. Ils vivent quelque part dans le trou de l’Amérique. Ils ont 17 ans, écoutent BB King, vont au supermarché, picolent. Tout va bien jusqu’au jour où ils font une immense connerie. Mais ça, on ne le comprendra que bien plus tard.

La très belle scénographie de Tommy Milliot se résume à un plateau blanc surmonté d’un muret. Derrière, une bande blanche ferme le regard.  Ils sont 7 à camper 4 + 3 personnages, car l’un d’eux ne va pas survivre. Ils sont eux à 17 ans et eux vingt ans plus tard. Cela pourrait être gadget mais c’est tout le contraire. La lumière très bien écrite de Sarah Marcotte permet des clairs-obscurs et des négatifs qui rendent les changements de temporalités léchés.

Cette histoire dont on ne peut rien vous dire, car elle porte en elle son dénouement, résonne avec l’actualité des derniers mois au sujet du consentement. La bande des quatre va pousser bien trop loin les limites de l’amitié, jusqu’à commettre une multitude d’irréparables. Alors, le passé et le présent nous parviennent dans une langue très naturaliste et pourtant très écrite. Le texte percute dans sa simplicité, il est direct, il est d’autant plus glaçant.

Tommy Milliot est à surveiller de près. La Brèche n’a pas encore de dates parisiennes, mais en 2020, il mettra en scène Massacre de Lluïsa Cunillé à la Comédie Française.

Jusqu’au 23, Gymnase du lycée Mistral à 22h00-Durée 2h. Puis les 2 et 3 avril au Théâtre du bois de l’Aune à Aix- en-Provence et du 8 au 10 avril au Théâtre Joliette à Marseille.

Visuel : La Brèche – La Brèche © Alain Fonteray

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