
“Pourtant personne n’est mort”, le work in progress très prometteur du Grand Cerf Bleu
Le Grand Cerf Bleu est un collectif de metteurs en scène et d’acteurs qui par définition changent de rôle à chaque fois, puisque cela est la raison d’être du “Collectif”. A la Loge, il s’offre une résidence jusqu’en juin où il présente des travaux en cours. Jusqu’au 27 janvier, vous pouvez découvrir Pourtant personne n’est mort, un faux seul en scène sur la solitude.
Pourtant personne n’est mort n’est pas encore un spectacle, il s’agit plutôt d’une mise en espace déjà pas mal aboutie. Marc Berman est donc seul. Un presque vieux mec, à la retraite qui végète un peu chez lui en attendant que cela passe. Il refait sa vie, voit passer ses amourettes en leur offrant du champagne rosé et frise la folie, il se demande “Est-ce que je parle à haute voix ou je pense trop fort ?”
Cynique et désabusé, il balance des punchlines acides : “On peut penser tout ce qu’on veut, c’est invisible”. Dans cette lecture très jouée, la musique vient nous embarquer dans sa bulle à lui, triste mais jamais glauque. On le danse ce slow avec lui sur Portishead, on s’envole un peu.
Le jeu de Marc Berman fonctionne très bien et donne le gout de ce que Pourtant personne n’est mort deviendra. Eux qui nous avaient séduits avec une Mouette truculente et excessive vont ici dans un dépouillement qui malgré le sujet, garde sa part d’humour.
Au moment des salut, ils seront pleins, presque tout le collectif réuni, car pendant ce récit de trois années, trois fois quatre saisons dont des jours de l’an passés seul, les fantômes viennent sur le plateau, toutes brunes et fines. “Avez-vous besoin de mettre un nom sur un visage peint?” demande-t-il au début. La question est belle, comme tout le texte très bien écrit.
A suivre.
Mise en espace : Gabriel Tur
Texte Laureline Le Bris-Cep
Avec : Marc Berman
Production Théâtre Ouvert Centre National des Dramaturgies Contemporaines et Collectif Le Grand Cerf Bleu
Visuel : ©Christophe Raynaud de Lage