L’origine du monde de Liv Strömquist adaptée au théâtre
L’origine du monde, très librement inspirée de la bande dessinée éponyme de Liv Strömquist, par Claire-Aurore Bartolo rassemble cinq comédiens dynamiques pour une rigolote conférence scénarisée.
L’Origine du monde réunit cinq comédiens qui ont forgé leur conscience féministe par internet et par des lectures militantes. Claire-Aurore Bartolo, la metteuse en scène, est issue de cette génération. Elle a lu la suédoise Liv Strömquist dont elle adapte avec L’Origine du monde la bande dessinée éponyme.
Une conférence joyeuse par l’exemple
Du livre, la metteuse en scène a conservé la plume acérée privilégiant l’illustration à la théorie, collectant les extraits plutôt que les concepts. La mise en scène réussie s’appuie sur le rythme soutenu et le jeu teinté de clownerie. Les femmes aussi ont un zizi : une vulve, et le spectacle se propose de la réhabiliter. Le propos s’autorise à l’anachronisme et à la nostalgie du paléolitique matriarcal pour faciliter sa démonstration. Il fallait certainement identifier et nommer des ennemis pour mener une fois encore le combat pour l’égalité des sexes. Ainsi se succède toute une galerie de personnages masculins dont les théories et les diagnostics illustrent un temps révolu. La pièce les tient responsables du sexisme et de la misogynie. Sartre, Freud, Saint Augustin ou Kellogs auraient eu des conséquences dévastatrices sur la représentation du corps des femmes et leur intimité. Et si on s’interroge parfois sur l’extrémisme assumé, on rit à vouloir croire que le capitalisme, le colonialisme ou Gérard Darmanin doivent rendre des comptes du patriarcat. La pièce ressemble à un joyeux chamboule-tout de kermesse. C’est très drôle.
Vingt ans passés
Vingt ans séparent la bande dessinée de Liv Strömquist du spectacle. Depuis vingt ans les esprits ont changé. Chacun le sait désormais : La vulve existe et le clitoris a un corps spongieux. Une écrivaine humoriste comme Rosa Bursztein pour ne citer qu’elle a depuis longtemps dépassé ces questions. La pièce enfonce des portes ouvertes cependant que sa candeur adolescente emporte notre adhésion. Le public rit souvent. La troupe est dynamique, espiègle. Elle crie avec gourmandise les mots: zizi, vulve, clitoris, orgasme ! Effet assuré. Durant une heure cette jeunesse partage ses découvertes sur l’anatomie des femmes, proposant jusqu’à indifférencier les deux anatomies féminine et masculine. La maternité est temporairement abolie.
Les comédiens sont talentueux et attachants. Un bravo appuyé à Ariane Pelluet et à Barthélémy Maymat-Pellicane, deux merveilleux artistes à suivre.
L’origine du monde
Librement inspiré de la bande dessinée éponyme de Liv Strömquist
Adaptation et mise en scène Claire-Aurore Bartolo
Avec
Mathéo Chalvignac
Margot Delabouglise
Barthélémy Maymat-Pellicane
Danaé Monnot
Ariane Pelluet
Assistanat à la mise en scène Rémi Fransot
Production Théâtre national de Bordeaux Aquitaine
Avec le soutien du fonds d’insertion de l’éstba financé par la Région Nouvelle?Aquitaine et la DRAC Nouvelle-Aquitaine
Projet accompagné par l’éstba dans le cadre du dispositif Culture Pro 2022 du ministère de la Culture
L’Origine du monde de Liv Strömquist est publié en français chez Rackham éditions
crédit Photo Fabien Palluau