Théâtre
Les Grands, la crise d’ado de Fanny de Chaillé au Festival d’Avignon

Les Grands, la crise d’ado de Fanny de Chaillé au Festival d’Avignon

21 July 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Fanny de Chaillé poursuit sa collaboration avec Pierre Alferi. Après Coloc (2012) et le duo Répète (2014) elle présente Les Grands, une pièce malheureusement trop didactique sur la question de la part d’enfant que l’on garde en soi.

Les Grands est un spectacle sur la construction de l’identité à l’idée de départ formidable : incarner trois individus à trois âges de leur vie. Enfant, adolescent et adulte.

Margot Alexandre, Guillaume Baillart, Grégoire Monsaingon évoluent sur un décor ponctué de petits escaliers ressemblant à des cartes topographiques. Ils sont trois et leurs doubles : Elisa Mollier Sabet, Ulysse Genevrey et Pierrick Grillet (les ados) et Antoine Adobati, Sacha Buisson Roux et (en alternance) Zoé Chapuis, Jeanne Grollier, Gil Perrissin (les enfants).

Le spectacle est chronologique, nous regardons les petits marcher et courir sur la scène pendant qu’une voix off raconte leurs questionnements d’enfant. C’est adorable et tendre, comme à chaque fois que nos oreilles d’adultes entendent les jeux de mots involontaires de ces élèves de CE2.  L’un des garçons dit “Moi j’en ai rien à foudre” après avoir sauvé “L’Empire” de Star Wars.

Les voix directes commencent à nous arriver avec les adolescents dans ce qui est la plus belle partie de la pièce. Il y a à la fois de la voix off et parlée, de la danse et du théâtre. Les désirs en émoi sont délicieusement mis en scène dans un baiser qui tourne à distance, la bouche ouverte. Il y a du slow et de la musique d’ado, mais de la musique qui date de l’époque où les grands étaient ados. On entend One de U2, Creep…  Et les frissons arrivent tant la description de l’entre-deux est juste et les punchlines drôles à souhait.

Malheureusement, la pièce s’effondre dans sa dernière partie totalement dogmatique. Nous assistons à un long discours sur la part de son enfance dans sa construction, comme si rien ni personne n’avait jamais écrit sur l’inconscient. Toutes les évidences y sont assénées, le fait de “laisser tomber la chevalerie”, de devoir quitter ses parents pour être libre.

Cette seconde partie, sur l’adolescence, vaut le spectacle. La direction d’acteur est alors impeccable et les jeux sur le langage constructeur d’identité est à sa place. Le fait que Dominique A ait composé un titre pour l’occasion n’excuse pas ce cours plombant sur l’âge adulte.

Visuel Les Grands © Christophe Raynaud de Lage

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