
La grève des mères de Christian Roux, la dystopie utile
Un jour, des femmes enceintes, dans le monde, décident de ne pas accoucher. Action militante ou pas, cet acte imaginé par Christian Roux bouleverse la loi de la cité.
Une énigme terrifiante
S’agit-il d’un nouveau virus, d’une bactérie, d’une transformation génétique ? Nul ne le sait. Toujours est-il que le désir devient soudainement le premier vecteur des accouchements. Ce n’est plus le bébé qui commande, mais le désir de la femme qui le porte de le voir naître. Ainsi, de par le monde, des centaines de millions de femmes voient leur processus d’expulsion du bébé s’arrêter. Mais le bébé, lui, continue de croître…
La fiction est terrifiante ; elle est merveilleusement servie par trois comédiennes, en particulier Pascaline Schwab ; on s’identifie à elle pour cheminer dans nos réflexions ; elle est absolument formidable dans ce personnage de sœur stérile, traversée et percutée par l’équation du dilemme au côté de sa mère stupide et antipathique et de sa sœur attendrissante, car ravagée par le symptôme.
Et édifiante
La fable est tragicomique ; elle pose l’importance de notre question actuelle et désormais incontournable. La classique question “d’où viennent les enfants” est remplacée par la question ” pourquoi faire des enfants ? “. Question brulante d’autant que l’auteur sait faire subsister l’invariant sociologique qui sanctuarise les enfants, qui énonce que chaque enfant appartient un peu à tous.
On quittera la pièce avec le gout amer d’une énigme non résolue. En cela, l’expérience spectateur est édifiante. Une pièce à voir absolument et dont on ne sort pas indemne.
La grève des mères
Écriture et mise en scène : Christian Roux ; avec : Claude Viala, Pascaline Schwab et Lorédana Chaillot
Du 12 au 23 avril 2023 – Théâtre de l’Opprimé – 78/80 rue du Charolais – 75012 Paris
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