« Haïm » à Versailles : une lumière entraînante
Créé fin 2010, ce spectacle racontant la trajectoire d’Haïm Lipsky de façon simple et juste faisait une escale, aujourd’hui, au Théâtre Montansier de Versailles. Quatre musiciens et une nouvelle interprète, l’excellente Mélanie Doutey, à l’unisson : pas besoin de davantage d’effets pour faire naître l’émotion, et la vie.
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Au tout début de Haïm, A la lumière d’un violon, seul un projecteur éclaire le devant de la scène. Le violoniste Yaïr Benaïm s’avance dans le silence, puis, durant quelques secondes, considère l’instrument de musique qu’il tient en main. « Qu’en faire ? » « Va-t-il m’aider ? » « Est-il plus grand, plus important qu’il n’y paraît ? »… Ces questions semblent le traverser. Ce geste nous interpelle nous aussi. Le champ de l’imaginaire est ouvert.
Puis c’est Mélanie Doutey qui entre en scène. Soutenue par la clarinette de Samuel Maquin, et l’accordéon d’Alexis Kune, elle se lance dans une peinture du « Yiddishland » d’avant la Seconde Guerre mondiale. Sa voix habite chaque image, et nous la transmet. Un rythme nous entraîne, et on aperçoit l’Europe de l’Est de ces années-là. Celle où grandit Haïm Lipsky, enfant juif d’un quartier populaire de la ville de Lodz, en Pologne. Haïm qui, dans cette ambiance pauvre mais joyeuse, se procure son premier violon. Haïm qui vivra ensuite dans le ghetto constitué par les nazis, jouera dans l’orchestre d’Auschwitz pour y survivre, s’échappera lors de la marche ayant suivi l’évacuation du camp, puis tentera de se retrouver grâce à une femme qu’il épousera, participera à l’effort pour faire naître l’Etat d’Israël… Haïm Lipsky qui est aujourd’hui le doyen d’une famille de musiciens célèbres.
Pour raconter son histoire, Gérald Garutti a opté pour une simplicité extrême, bienvenue. Nul décor : tout provient de la musique jouée en direct. Qui donne l’occasion d’entendre, longuement, la clarinette, l’accordéon, le violon et le piano de Dana Ciocarlie interpréter des morceaux entiers. Et qui cherche à transmettre l’essence de cette vie sinueuse. Ce qui a permis à notre homme de tenir. Le pari est réussi : le spectacle demeure, au final, plein de vie et de lumière.
Présenté, au cours des saisons passées, dans de nombreux lieux (Vingtième Théâtre et Salle Gaveau, notamment), Haïm, A la lumière d’un violon se joue encore en tournée, jusqu’en juin 2015.
Les dates du spectacle jusqu’à la fin de la saison : à Marseille (La Criée) le 31 mars ; à Neuilly-sur-Seine (Théâtre des Sablons) le 7 avril ; à Cergy-Pontoise (Théâtre 95) le 18 juin.
Haïm, A la lumière d’un violon, un spectacle écrit et mis en scène par Gérald Garutti. Avec Mélanie Doutey, Yaïr Benaïm (violon), Dana Ciocarlie (piano), Alexis Kune (accordéon), Samuel Maquin (clarinette). Costumes : Thibaut Welchlin. Lumière et Régie générale : Jérôme Delporte. Régie son : Olivier René. Conseillère biographique : Shifra Sluchin. Assistants à la mise en scène : Léonard Matton / Raphaël Joly. Durée : 1h20.
Visuel : Mélanie Doutey, Samuel Maquin et Naaman Sluchin, prédécesseur au violon de Yaïr Benaïm / copyright Christine Ledroit-Perrin