Théâtre
[Festival d’Avignon] Un terne Andreas par Jonathan Châtel

[Festival d’Avignon] Un terne Andreas par Jonathan Châtel

09 July 2015 | PAR Christophe Candoni

Après un sublime Petit Eyolf d’Ibsen tout en lumière sombre et en humanité vibrante, le jeune metteur en scène franco-norvégien Jonathan Châtel poursuit son exploration du théâtre scandinave avec un autre de ses plus grands auteurs, August Strindberg, dont il adapte à la scène la première partie du Chemin de Damas. Sans réelle force de proposition, le spectacle déçoit et ennuie.

Un homme. Un écrivain en état de crise. Il porte sûrement en lui une part de son auteur puisque c’est après une période de dégoût et d’abstinence littéraire de plusieurs années que Strindberg écrit Le Chemin de Damas, un texte énigmatique et crépusculaire qui mêle problématique identitaire, transgression amoureuse et quête de rédemption.

A la croisée des routes, l’inconnu attend, attend quoi ? « Le bonheur. Ou la fin du malheur seulement ? ». Thierry Raynaud prête à cet étranger solitaire, condamné à l’errance de l’exil depuis la parution de son dernier ouvrage sulfureux, sa silhouette noire, haute et émaciée, qui dégage quelque chose de fragile et de mystérieux. Il rencontre une femme, ne connait rien d’elle, pas même son nom. « J’ai senti que tu m’appelais » lui dit-elle. Nathalie Richard est une belle et sensible interprète. Ils se font la promesse folle et vertigineuse d’un nouveau départ, de se suivre pour se libérer.

Le chemin de Damas, c’est donc l’exploration d’une voie nouvelle, un voyage aussi bien géographique qu’intérieur. La pièce repose sur cet élan, ce désir de renouvellement, tout ce dont est dépourvue la représentation fade et banale qu’en fait Jonathan Châtel. Le jeune metteur en scène fait le choix d’un radical minimalisme aussi bien dans la scénographie de Gaspard Pinta qui se résume à quelques praticables en palettes de bois poli posés aux pieds des gigantesques platanes du cloître des Célestins, que dans les costumes, des vêtements tout simples. De même, le jeu des comédiens est sans fièvre et psychologisant. Ce choix trop sage de l’épure ne cache-t-il pas un manque de parti pris, de vision de cette pièce sublime mais difficile ? On observe en tout cas une difficulté à extraire toute sa portée âpre et sensuelle dans une représentation où il ne se passe rien ou pas grand chose, ou en tout cas, pas suffisamment de vertige, de passion, de scandale, pas d’abîme.

Andreas © Christophe Raynaud de Lage

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