
Discours de la servitude volontaire au Théâtre du Nord
Pendant que Fractures se joue au Théâtre de l’Idéal à Tourcoing, le Théâtre du Nord propose au public une forme courte d’une heure environ, mise en scène par Stéphane Verrue et interprétée par François Clavier. Seul en scène, le comédien lit les textes d’Etienne de la Boétie, qui n’avait que 18 ans lorsqu’il a écrit son Discours de la servitude volontaire. Des mots qui montrent toute la richesse de la langue française, qui sont la marque d’un raisonnement limpide, pour servir un propos qui n’a perdu ni de sa vigueur, ni de son actualité.
C’est dans la petite salle du Théâtre du Nord que se retrouvent le public et le comédien. La taille plus réduite de cet espace se prête à merveille à une ambiance plus intime, où l’homme seul en scène met en place un véritable moment d’échange avec les spectateurs. Vêtu d’un ample imperméable marron, un sac à dos sur les épaules, Clavier semble s’interrompre au cours d’un long voyage au cours duquel il serait parti parcourir le vaste monde. De sa voix grave et chaleureuse, il commence à dire le texte de la Boétie – sans jamais avoir l’air de le réciter.
C’est cette grande aisance dans la diction et dans la mise en scène du texte que Clavier entre en harmonie avec le texte du philosophe. C’est ainsi qu’il sert avec bonheur le raisonnement de la Boétie ainsi que sa belle et limpide réflexion sur la condition humaine, qui semble préférer s’asservir à un tyran plutôt que d’avoir le courage de la liberté. En écoutant François Clavier, on est presque surpris de constater que ce texte, qui date du 16e siècle, est aussi aisé à comprendre que n’importe quelle oeuvre contemporaine.
Ce qui surprend également, c’est de constater la résonance que porte encore le Discours de la servitude volontaire aujourd’hui. Alors que François Clavier salue, aux côtés de l’essai de la Boétie, il semble inviter le public à prendre le texte avec lui pour y réfléchir encore, et se rappeler que la liberté n’est jamais complètement acquise, car le véritable asservissement vient de nous-mêmes plus que de toute menace extérieure.
Crédit photo : Pidz