Théâtre
[Critique] « La fin du monde est pour dimanche » ou le festival François Morel

[Critique] « La fin du monde est pour dimanche » ou le festival François Morel

17 February 2015 | PAR Matthias Turcaud

L’ancien humoriste des Deschiens et chroniqueur sur France Inter François Morel nous propose avec La fin du monde est pour dimanche un voyage toutes voiles dehors au pays de l’absurde. Le one man show, divisé en plusieurs sketches bien distincts, met à l’honneur toute la verve et la singularité du comédien-auteur. Un grand bonheur.

[rating=4]

Cela commence fort avec la scène de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965), passée en boucle, dans laquelle Anna Karina s’exclame, près de la plage : “Je sais pas quoi faire ? Qu’est-ce que je peux faire ?” Morel arrive du public et donne l’illusion d’un dialogue avec la Muse d’antan du réalisateur suisse, lui énumérant dans un catalogue aussi foutraque qu’espiègle toutes les activités qu’elle pourrait bien faire. Il y aurait cent mille choses à entreprendre, à commencer par les choses les plus banales, s’indigne presque l’acteur. Morel finit par se glisser dans l’écran, donnant le la d’un spectacle qui restera tout du long dans le sillage de cette première scène drôle, tendre et complètement délirante à la fois, lorgnant même régulièrement avec le surréalisme.

En effet, par la suite, il est question d’un homme qui accuse le Bonheur d’être un sale type dans un tribunal imaginaire, d’un envoyé spécial de France Bleu Judée qui assiste en direct de Bethléem à l’accouchement de la Vierge Marie et en fait un live report, ou encore d’une histoire d’amour intense avec … une huître ! On aime passionnément la manière qu’a Morel de prendre au sérieux ses situations totalement insensées, de les assumer et de les jouer jusqu’au bout, en ayant recours à tout son art d’acteur. En définitive, le spectacle charrie une revigorante folie, une joie un peu irraisonnée, mais aussi une certaine mélancolie qui nous touche sans détours – comme lorsqu’un grand-père compare pour son petit-fils la vie à une semaine, pour lui en faire bien comprendre l’évanescence et la brièveté.

Pour lire notre critique d’un autre spectacle de François Morel actuellement en tournée, Hyacinthe et Rose, voir ici.

Crédits photos : Manuelle Toussaint (photos 1, 3 et 5) et Franck Moreau (photos 2 et 4).

Au Théâtre du Rond-Point, 2 bis Avenue Franklin Delano Roosevelt (8ème). Tél. : 01 44 95 98 21.

Infos pratiques

Odéon Théâtre de l’Europe
Les Gémeaux
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