Théâtre
Avignon OFF: “J’avais ma petite robe à fleurs”  avec la brillante Alice de Lencquesaing

Avignon OFF: “J’avais ma petite robe à fleurs” avec la brillante Alice de Lencquesaing

13 July 2023 | PAR David Rofé-Sarfati

 Alice de Lencquesaing défend dans J’avais ma petite robe à fleurs de Valérie Lévy la complexe question du viol, des dilemmes psychiques et sociétal de la victime et de la charge inextensible du trauma. La comédienne est inoubliable. 

 

Valérie Lévy a inventé une fiction lumineuse. Une société de production de télévision demande à Blanche Baillard de témoigner de son viol. Elle a trois jours pour raconter son histoire, seule chez elle, face à une caméra. Si elle est convaincante et pertinente, elle pourra raconter son drame, en direct, à la télé.

Elle sera choisie parmi 50 autres femmes. 

L’intrigue est redoutable, pertinente. Voici donc une femme qui serait choisie parmi d’autres femmes pour être dévoilée devant le plus grand nombre. Comme violée, mais cette fois avec son consentement, mieux avec son vibrant désir d’être sélectionnée, car elle croit que cette confession publique la sauvera.  La comédienne nous fait vivre cette traversée, ce viol doublé du viol de l’intime par la caméra. D’un geste fatigué de la main, elle allume ou éteint la caméra manipulée par un comédien silencieux. Nous traversons son récit, son trauma. Le corps de la comédienne incarne tout jusqu’à la chute de l’instinct de vie. C’est épatant. Au sein de la très belle scénographie du dévoilement, Alice de Lencquesaing est intense. 

Raconter au plus juste “l’accident”

Tandis que son père veut nommer accident le viol, Blanche pourchasse la justesse. Et, la justice. Elle veut être le plus juste possible. Le chemin est rude. Sa psy s’oppose à cet étalage. Mais, Blanche ne cède rien à cette créance qu’elle croit détenir. La fin imaginée par Valérie Lévy est brillantissime. Parce que Blanche comprendra que si le collectif est en dette des viols (chacun est concerné par chaque viol), aucun viol n’érige en créance le trauma, sauf pour la machine à audimat qui écrase les êtres. Alors, elle pourra retourner courir dans les rues avec sa belle robe à fleurs.

Une pièce d’une grande intelligence interprétée par une comédienne incroyable. 

 

A la Factory à 12H15

Visuel Affiche 

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David Rofé-Sarfati
David Rofé-Sarfati est Psychanalyste, membre praticien d'Espace Analytique. Il se passionne pour le théâtre et anime un collectif de psychanalystes autour de l'art dramatique www.LautreScene.org. Il est membre de l'APCTMD, association de la Critique, collège Théâtre.

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