
Performances entre la vie et la mort au Festival ZOA
Pour la clôture du Festival ZOA de danse et de performance, tremplin pour les artistes émergents, Jessica Guez et Mansoureh Aalaii ont proposé deux performances originales, à la fois célébrations de la vie et de la mort.
La fureur de vivre
Dans le petit théâtre du 100ecs, Jessica Guez a présenté une nouvelle création : Looking from a window above. Avec cette performance, elle nous propose d’entrer dans un univers qui fait apparaître une vulnérabilité adolescente. Jessica Guez accroche ses peintures au mur, change de tenue pour danser, écoute de la musique et notamment Only You de Yazoo, qui s’ouvre sur ces paroles : “Looking from a window above/ It’s like a story of love”.
De la joie mais aussi une profonde mélancolie se dégage de sa danse, particulièrement lorsque la chanson If You Leave Me Now de Chicago passe trois fois d’affilée. Sur cette balade pop typique des années 70’s, Jessica Guez danse un slow avec elle-même et sur le troisième passage de la chanson, sa voix s’ajoute, une belle voix vulnérable et tremblante.

Une performance qui laisse aussi de la place au silence et à des moments en suspens où, en plus de regarder l’espace intérieur présenté sur la scène, on peut penser au nôtre. On ressent toute la vulnérabilité du corps seul chez lui, un corps qui danse, qui chante et qui essaie de s’approprier les oeuvres artistiques qui l’entourent. C’est aussi un corps qui rêve, Jessica Guez le dit, parfois lorsqu’elle regarde sa vie “ça fait comme dans un film”.
Un corps entre la vie et la mort
Mansoureh Aalaii est médecin, danseuse et chorégraphe, des intérêts qui se rencontrent pour une performance intitulée Le souffle, basée en partie sur le roman de Thomas Bernhard du même nom.
Mansoureh Aalaii commence une conférence ludique et participative sur le souffle et l’appareil respiratoire humain, joyeuse, elle fait défiler son diaporama explicatif en fond de scène. Seulement, sans qu’on puisse s’y attendre, au bout d’un long moment de cette conférence amusante, elle s’arrête au milieu d’une phrase et la performance bascule. Son corps se fige et elle s’avance lentement avec une expression complètement métamorphosée. A partir de ce moment, le texte de Bernhard entre en scène en voix off, un texte énigmatique sur la décision de la respiration au moment même où l’on s’apprête à la perdre et à mourir. Parfois un peu trop timide, la performance présente une forme originale avec ce changement de ton habile et particulièrement efficace.
Par moments, le spectacle essaie de redevenir la conférence ludique qu’il a été, mais les larmes qu’essuie la performeuse rappelle qu’après cette coupure, impossible de revenir en arrière. Mansoureh Aalaii se réanime elle-même dans cette performance entre la vie et la mort, où le souffle devient une décision qu’il est vital de prendre.
Plus d’informations sur le 100ecs ici.
Visuel mis en avant : Le souffle ©Mansoureh Aalaii