
Guillaume Andrieux nous parle de Pelléas et Melisande à l’Opéra de Dijon
Du 6 au 10 novembre, l’Opéra de Dijon donne à voir Pelléas et Mélisande dans la mise en scène de Debussy. Guillaume Andrieux campe le rôle de Pelléas et a accepté de répondre à nos questions.
Vous allez jouer, et chanter dans ce spectacle où le nom d’Eric Ruf croise celui de Christian Lacroix… qu’est ce que cela veut dire pour vous ?
Il s’agit de deux grands noms, l’un du théâtre, l’autre de la mode. C’est une chance de participer à une production où l’univers est imaginé et dessiné par des artistes aussi reconnus. Malheureusement, comme il s’agit d’une reprise, nous ne les avons pas encore croisés. J’en profite pour citer l’autre maître d’oeuvre de cette production, Nicolas Krüger notre chef d’orchestre, qui n’a probablement pas la notoriété de Christian Lacroix mais qui nous transmet avec passion et talent toute la musicalité et les subtilités de cet opéra.
A la création Patricia Petibon et Jean-Séabstien Bou campaient Pelléas et Melisande, comment s’est passée la reprise de rôle pour vous ?
Quand je reprends une mise en scène, j’essaye de ne pas penser à l’interprète qui a créé la mise en scène. Jean Sébastien Bou est un grand artiste que j’admire et dont je m’inspire, mais je ne préfère pas regarder la captation de ce qui a été fait; j’aime découvrir mon propre chemin, trouver ma liberté tout en m’inscrivant dans les pas de mes prédécesseurs en échangeant avec le metteur en scène. Une de mes tâches les plus importantes est aussi de me défaire des différentes mises en scène que j’ai pu faire de cet opéra auparavant et rentrer dans un nouvel univers, une nouvelle vision de l’oeuvre.
L’écrin de cet opéra est très particulier, la terre est sombre dans cet univers marin, pouvez-vous me parler de la façon dont vous évoluez dans ce magnifique décor ?
Malheureusement, à ce stade des répétitions, nous n’avons pas pu encore répéter dans le véritable décor. Nous avons seulement des praticables qui nous servent de repères. En revanche, nous avons vu les images de la scénographie et cela nourrit notre imagination. Nous avons maintenant tous hâte de pouvoir enfin répéter dans le décor définitif. Et lorsque les lumières entreront en jeu, cela ajoutera la touche finale et principale dans cet opéra où tout est opposition entre lumière et obscurité.
Eric Ruf veut mêler les ” vieux ors et vieux pêcheurs”, comme deux mondes qui n’auraient jamais du se rencontrer, est-ce une allégorie de l’amour interdit entre Pelléas et Melisande ? Avez-vous été dirigé en ce sens ?
Comme nous répétons sans costume ni véritable décor au début des répétitions nous n’avons pas pu prendre en compte concrètement ces deux mondes. Pour le moment nous avons été principalement dirigés sur les intentions des personnages, les interactions et avec la notion de vitesse du mouvement. Les corps doivent trouver une certaine économie dans les mouvements pour gagner en efficacité. On doit éviter de s’éparpiller. Cela permet de donner une plus grande force aux mots et une plus grande densité à un geste simple.
Que signifie pour un artiste faire entendre cette tragédie en 2019 ?
Pelléas et Mélisande est une oeuvre tellement riche, chaque question qu’on se pose sur l’oeuvre ne trouve jamais une réponse franche mais nous invite à nous poser plusieurs nouvelles questions. Nous avons l’impression d’être en présence d’un puits sans fond. J’ai le sentiment que même avec une infinité de mises en scène différentes, on ne serait jamais rassasié. Et puis musicalement, c’est un opéra unique; aucun autre opéra ne s’en approche. Il reste encore une sorte d’ « ovni » dans le monde musical, et cela depuis plus d’un siècle après sa création, alors profitons de chaque occasion de le voir lorsqu’il est programmé!
Informations : du 6 au 10 novembre, à l’Opéra de Dijon, réservations ici.
Visuel : ©Opéra de Dijon