
« Mawda » au Centquatre, retour documentaire sur une tragédie ordinaire
Le Centquatre accueille dans le cadre du Festival Impatience Mawda, ça veut dire tendresse, de Marie-Aurore d’Awans et Pauline Beugnies.
Mawda, ça veut dire tendresse retrace un événement qui a scandalisé la Belgique : une petite fille, Mawda, tuée par un tir de policiers ayant pour but avoué de faire stopper la camionnette dans laquelle elle se trouvait. Il se trouve que sa famille, venue en Europe pour fuir une vendetta familiale et la répression des Kurdes par l’État turc, n’a pas de papier. Ce tir mortel est donc légitimé officiellement par l’illégalité de la situation des victimes.
Ce fait de violence policière avait déjà fait l’objet d’une adaptation théâtrale, dès 2020, par Léa Drouet. Mais, alors que la proposition de 2020 avait pour ambition de faire entendre l’intime dans ce fait sordide, celle de 2022 fait le pari d’une forme documentaire assumée. Le texte est en grande partie constitué des minutes du procès des policiers et des conférences de presse tenues par des responsables politiques. Car, ce que pointe Mawda, c’est finalement moins la culpabilité du policier à l’origine du tir que son impunité au vu de la légèreté de sa peine. C’est cette injustice que la forme documentaire permet de mettre au jour.
Les artistes proposent pour cela une scénographie reposant sur la camionnette du convoi, laquelle sert par instants d’écran de projection. En fond de scène, un autre écran où apparaît le paysage parcouru par les migrant.es. Si l’usage de la camionnette fonctionne, l’intérêt de cet écran est toutefois moins convaincant. Il en ressort un spectacle intéressant sur le fond, mais qui peine encore à trouver sa forme.
12 et 13 décembre à 19h
Le Centquatre-Paris
avec : Soufiane Chilah, Mostafa Benkherroum, Aicha Cissé, Mieke De Groote, Thierry Hellin, Deborah Rouach, Leopold Terlinden, Melodie Valemberg, Sayf & Zakaria Hamdard (en alternance)
dramaturgie : Kristin Rogghe
assistante dramaturgie : Lieselore Remans
co-auteurs : Victoire de Changy, Maud Vanhauwaert
musique : Malena Sardi
scénographie : Zoé Tenret
vidéographie : Tristan Galand, Thibaud Decoene
conception lumière : Pier Gallen, Ralf Nonn
recherche : Marleen Adriaensens, Hussein Ali, Mesut Alp, Saif Al-Qaissy, Camille Crucifix, Nyira Hens, Ismaïl L’hamiti, Purni Morell, Sophie Sénécault, Joeri Smet, Frances Timberlake, Hussein Rassim, Christian Roe, Sasker Van de Ven
conception costumes : Elise Abraham
chargée de production : Ella De Gregoriis, Nadia El Mahi
production technique et régie de plateau : Ivan Fox, Davy Deschepper, Bram Moriau
technique : Pier Gallen (lumières), Justine Hautenauve (lumières), Ralf Nonn (lumières), Bram Moriau (son), Thibaud Decoene (video)
costumières : Elise Abraham, Heidi Ehrhart
surtitrage : Inge Floré
traduction : Claire Tarring (FR/ENG), Alex Stockman (FR/NL), Anne Vanderschueren (NL/FR), Khanda Hussein (SORANI/FR), Fakhri Snawbar (SORANI/NL)
Visuel : ©Danny Willems