
Avignon OFF : La délicatesse onirique du Petit théâtre du bout du monde
Un espace peuplé de petites créatures étranges qui évoluent dans un vaste monde inquiétant. Des marionnettes qui offrent leur fragilité et une poésie touchante dans leur manière d’habiter un futur oppressant où l’homme doit trouver son espace de liberté. Beau et délicat.
C’est un homme qui marche. Les fils au bout de ses mains et de ses pieds le guident malgré tout. Tel un funambule, il remonte une longue pente faite de creux et de bosses. Vaine épopée pour cet être empêché d’avancer dans cette plaine aride.
Le public évolue autour de cette installation, tels des observateurs sans paroles. Sur l’un des côtés, une table et des étagères où sont disposés magiciens, automates et marionnettes qui peuplent ce monde de solitude. Là, on y voit une petite silhouette, une vieille femme nue, qui se tient debout à côté d’une baignoire miniature où s’ébroue un chien. Elle ira bientôt rejoindre ses compagnons d’infortune dans cet ailleurs où ils devront se faire une place parmi les machines et la tyrannie.
Performance et onirisme
Le Petit théâtre du bout du monde de la compagnie de Ezequiel Garcia Romeu, qui est à la fois metteur en scène, marionnettiste et scénographe, est une performance tout d’abord artistique. Soucieux d’explorer de nouvelles formes d’écriture scénique, il laisse les marionnettistes à vu, ce qui permet de faire de leur rapport avec leurs créatures un vrai point central du spectacle. Dans leur très grande habileté empreinte de délicatesse et dans la façon dont ils font évoluer ces personnages, ils les font vivre d’une tout autre manière. Leur bienveillance à l’égard de ces créatures les rend d’autant plus humaines et touchantes.
Performance ensuite de l’installation technique. Par le truchement d’un plateau escamotable, et de multiples trouvailles sonores et visuelles, la mise en scène donne vie à un monde onirique et donne à voir la fragilité des êtres qui le peuplent, le tout empreint de subtilité et de douceur. Un vrai régal pour les yeux et l’âme.
Le Petit théâtre du bout du monde Opus 1 et 2 (en alternance, jours pairs et impairs) à la Manufacture à 9 h 40 jusqu’au 25 juillet