
“Les enfants c’est moi”, de Marie Levavasseur, devait jouer dès jeudi au Théâtre Paris-Villette
Nous y croyions encore un peu : les salles de spectacle devaient rouvrir le 15 décembre. Comme chacun le sait, ce ne sera finalement pas de si tôt. C’est dommage, car c’était l’occasion, avec Les Enfants c’est moi, de Marie Levavasseur, de voir au Théâtre Paris-Villette une pièce abordant avec finesse les difficultés des relations parents-enfants dans un univers plein de féérie. Aussi ne résistons-nous pas au plaisir de vous en dire quelques mots…
C’est un sujet volontiers rebattu dans le stand-up féminin : la difficulté, quand on devient parent, d’être à la hauteur de la tâche. On s’imaginait aimant, on l’imaginait charmant, et voilà qu’il pleure à tout bout de champ et ne laisse plus rien que des rides et des cernes à sa chère maman. Le premier défi du spectacle de Marie Levavasseur est de mettre en scène ce thème, a priori bien cruel, dans un spectacle pour enfants.
Ce défi est relevé avec bonheur grâce tout d’abord au jeu subtile d’Amélie Roman : les robes enfilées les unes sur les autres, la tête coiffée d’un voile marial et les joues un peu – très – bariolées, la “maman” est elle-même une enfant. N’allez pas imaginer une sombre histoire de viol ou d’inceste sur jeune fille à peine pubère ! Non, c’est plus simple que cela : c’est une enfant parce qu’elle a encore cette capacité à s’émerveiller et à peupler son quotidien de marraines à baguette magique et de loups trop voraces. Alors, bien sûr, l’identification des jeunes spectateurs à cette maman quelque peu dépassée est plus facile.
C’est là le parti des Enfants c’est moi : insuffler du merveilleux dans un sujet on ne peut plus trivial. Aussi la scénographie de Gaëlle Bouilly saisit-elle, dès l’entrée en salle, tous les spectateurs, grands et petits, par ses arbres aux longues branches dorées et ses poupées marionnettisées qui ont l’air, quand on les retourne, bien moins aimables qu’elles ne le semblaient. Car, si Marie Levavasseur convoque l’univers des contes et des comptines, c’est pour mieux les détourner puisque, nous dit-elle, à “quatre-cinq-six… Maman fait des caprices !”
Les Enfants c’est moi aurait dû jouer du 17 décembre au 3 janvier Théâtre Paris-Villette et être accompagné d’un atelier parents-enfants le 20 décembre.
Photographies : Fabien Debrabandere