
“Training”, les conditions de travail chorégraphique de Marion Lévy à Faits d’hiver
Le festival Faits d’hiver aurait-il imposé la danse clown aux spectateurs ? Après Yaïr Barelli, c’est au tour de Marion Lévy de nous faire rire avec une belle dose d’acidité
Au début nous pensons que c’est drôle au premier degré. Au centre, un grand praticable bleu sur lequel elle arrive en tenue très street wear, baladeur sur les oreilles en train d’écouter les Pet Shop Boys. On a la sensation alors que ce que l’on va voir est la répétition d’un spectacle, ou plutôt la création d’un spectacle. Il n’en est rien. Ce que va exposer l’ex-danseuse de chez Anne Teresa de Keersmaeker, c’est la relation entretenue avec son corps souvent perçu par le milieu comme non conforme.
Alors elle cherche, le bon déroulé d’épaule, la bonne chanson. Alors elle râle, elle peste, elle grimace. Elle a travaillé avec Mariette Navarro qui lui a apporté une force clownesque “tragi-comique” comme elle nous dit ! Danser, parler, jouer, Marion Lévy plonge dans le burlesque sans brassard.
La danse est là, plurielle, volontairement caricaturale (nette référence à Rosas danst Rosas), mais elle est là, technique et précise. Marion Lévy a dépassé l’idée de faire joli. Sa maîtrise du corps lui permet d’être au-delà du mouvement.
On rit aux éclats souvent puis de moins en moins quand elle avoue les insultes et les coups bas du milieu.
Training s’avère plus politique qu’il n’y parait. La force de la pièce est de condamner par une forme dérisoire. Là est la finesse. Nous faire réfléchir sur les douleurs des danseurs contemporains sans manifeste larmoyant. Intelligent.
Photo © Joachim Olaya