Danse
Sun, la pastorale guerrière d’Hofesh Shechter

Sun, la pastorale guerrière d’Hofesh Shechter

08 January 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En régulier du Théâtre de la Ville où il revient pour déjà la troisième fois, le chorégraphe israélien installé à Londres Hofesh Shechter  met en scène, après Uprising et In your room en 2010, The Art of  Not Looking Back en 2012, Sun, une pièce aux variations détonantes … mais pas toujours. 


Que dit Sun, la nouvelle création d’Hofesh Shechter ? Raconte-t-il les combats auxquels se livrent les hommes ou décompense-t-il dans une free-party ? Lui même ne le sait pas, Sun est défini comme “un espace ambigu”.

Il faut dire que l’ensemble détonne à tous les sens du terme. On connait désormais la patte du trentenaire qui a fait ses armes auprès de l’énergique Wim Vandekeybus. Une danse rapide, faite d’éclats et de changements d’espaces fulgurants. Né en 1975, Shechter conçoit ses spectacles comme des clips vidéos et ça envoie sec.

Pour Sun il choisit un espace blanc dont le ciel sera ponctué  d’ampoules à filaments Dans cette nuit lumineuse parfois le soleil se lèvera ou se couchera, sur une soierie ou par l’interstice d’une lucarne. Sur scène, 17 danseurs dont une invitée spéciale, un répétiteur et des apprentis. Ils sont vêtus de kaki, comme à l’armée, comme dans une “teuf” mais leurs costumes rappellent Arlequin, Colombine et consorts. Il croise les thèmes, les genres et les époques et balance le tonitruant Arrival of the guest at Wartburg de Wagner  aussi fort qu’une balle pourrait s’élancer d’un canon ou qu’un dj en pleine forêt balancerait du gros son.  Il cherche à crever nos tympans et à brouiller nos yeux.

Mouvements de convulsions, fusillade, transe. Dans des pas qui viennent puiser autant dans de classiques menuets que dans la force très actuelle d’un Charmatz,  les yeux des danseurs scrutent le sol et emmènent avec eux tout le corps qui vient chercher l’apesanteur. En un instant le silence se fait et apparaissent des personnages immobiles symbolisant les soumissions : des moutons face à un loup, un esclave et son maître, Un jeune homme en sweater à capuche et un cadre en  costard.

Sun est comme un violent ping-pong où les ralentis laissent place à des accélérations brusques. Malheureusement, si le spectacle démarre sur les chapeaux de roues ( et dans un éclat de rire), il souffre du syndrome du quart d’heure de trop. On se lasse de tout, même du talent et les répétitions finissent par ennuyer. Reste un ensemble cohérent qui prouve la puissance chorégraphique du (encore) jeune homme. Sa danse engagée, rythmée et haletante a de beaux jours devant elle.

visuel : © Gabriele Zucca et ©Jake Walters

Infos pratiques

Centre Pierre Cardinal (festival Les Musicales)
Le Théâtre de l’Athénée
Marie Boëda

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