
“Pichet Klunchun and myself”, la danse dans le texte de Jérôme Bel
C’est à un délicieux palimpseste que nous invite le festival d’Automne en proposant au maître des portraits chorégraphiques, un portrait dans le portrait. Vous comprenez ? Jérôme Bel est l’un des invités de la 46e édition et jusqu’au 18 novembre, le Centre Pompidou nous invite à redécouvrir, dix ans après sa création l’incroyable Pichet Klunchun and myself. Indispensable.
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C’est à une aventure inter-culturelle et totalement lost in translation que Jérôme Bel et Pichet Klunchun nous invitent. En face à face, mais très éloignés, les deux hommes dialoguent, en anglais, non sous-titré.
En fait, au commencement, ce n’est pas un dialogue mais plutôt une interview. Jérôme Bel enquête afin de constituer le puzzle Pichet Klunchun. Contrairement à Cédric Andrieux où le danseur se raconte guidé par lui-même ou Cour d’Honneur où les témoins se succèdent, là, c’est à un pas de deux assis que nous assistons.
Quelles sont les différences entre un danseur thaïlandais et un chorégraphe français ? On pourrait penser tout est question de gestes. Bien au contraire. Il est question ici de transcendance et de divin. Pour Pichet, tout est religieux, ancré également dans une soumission au roi. “The body is a temple”. Au contraire, en miroir, Jérôme explique comment la danse contemporaine occidentale éjecte la figuration et l’explication à l’extérieur. Ce sont des énergies qui s’opposent et s’accrochent.
On rit de la différence de culture entre les deux, de la méconnaissance que chacun a du monde de l’autre. On est touché par la volonté que chacun a de comprendre l’autre, intensément, et de chercher le point clé, le point commun.
Jérôme Bel illustre en utilisant Show must go on essentiellement. Et quelle joie immense alors, de voir là expliquée sa danse dépoussiérée, marxiste, ultra égalitaire, accessible à tous, sous les yeux de l’autre qui lui ne danse que dans une pratique très poussée. Et quelle joie immense alors, de voir Pichet Klunchun mettre les sous-titres à ses gestes dont juste la courbure d’un poignet change le sens, passant d’homme à démon.
C’est étrange comme une conférence, beau comme un spectacle. On riait, on se retrouve troublé par la rencontre et la révélation que ces deux-là font en fait, la même chose. Peu importe le mouvement, tant qu’il y a de la danse.
Visuel : Pichet Klunchun and myself © association R.B.
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One thought on ““Pichet Klunchun and myself”, la danse dans le texte de Jérôme Bel”
Commentaire(s)
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Danse et passion
C’est bien dommage pour moi de n’avoir pas pu assister à cette représentation. J’espère qu’il y en aura d’autres sinon ce serait un telle déception.