
La bande de filles de Mercedes Dassy aux Rencontres Chorégraphiques
La chorégraphe et danseuse Belge présente Ruuptuur et son écurie pop aux Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis. Énergique !
Kanessa Aguilar Rodriguez, Kim Ceysens, Justine Theizen et Mercedes Dassy trainent ensemble autour d’une table où l’apéro est terminé. C’est le bazar. Il y a des bouteilles, un maneki-neko qui fait coucou avec sa patte et ces quatre meufs toutes collées les unes aux autres. On ne le remarque pas tout de suite tellement nous sommes concentrés sur leurs visages, mais leurs corps sont tous augmentés d’une prothèse en forme de cheval !
Ce sont des centaures antiques qui auraient trop regardé My Little Pony en boucle. Elles cherchent de la bonne musique. Elles ne zappent pas, nous sommes en 2022, elles scrollent. Mais la musique qu’elles aiment, elle date ! On entend passer quelques notes de Véronique Sanson et de Whitney Houston…
Quand le mouvement vient il se diffuse des épaules aux bras, elles sont emmêlées les unes aux autres; copines à la vie à la mort, sûres d’elles. Nous passons une heure à les regarder évoluer comme des gamines dans la cour d’école. Elles s’amusent à danser hip-hop comme si elles apprenaient “une choré”. Les références pop fusent. Elles offrent un moment délicieux sur le tout autant kitsch que mythique “Try Sleeping with a Broken Heart” d’Alicia Keys.
Ces femmes surpuissantes, dotées de quatre pattes devorent la scène sur de la techno hardcore. Leurs mouvements sont à la fois empéchés et augmentés par ces prothèses équidées. Au-delà de la blague, les symboles fusent. Pour qu’un cheval avance il faut en prendre soin, lui soigner ses sabots, le reposer. Elles font tout ça, comme une allégorie de la sororité.
Ruuptuur se consruit par une succession de saynettes tirées du quotidien classique de jeunes adolescentes. L’ensemble est frais, dynamique et souvent drôle. La danse n’a rien de révolutionnaire, elle est saccadée, robotique comme on peut le voir souvent. C’est la proposition globale qui brille par son originalité. La pièce est inégale, les ruptures sont pour le coup quelques fois bancales et le ryhtme souffre d’un manque de cohérence. Cela n’enlève rien à la sensation que Mercedes Dassy a une place à prendre dans cette tendance que nous avons décelée au Kunsten avec la pièce de Cherish Menzo, sur les corps augmentés.
Ce soir, 1er juin à 20h au Théâtre Municipal Berthelot de Montreuil. Informations et reservations ici
Et ensuite :
7 et 8 juillet 2022 Festival de la Cité, Lausanne
31 septembre et 1 octobre Festival actoral, Marseille (RUUPTUUR et B4 Summer)
21 et 22 décembre 2022 Théâtre de Liège
Visuel : ©Michiel Devijver