Danse
Avec “C A R C A S S”, Marco da Silva Ferreira dégenre les danses

Avec “C A R C A S S”, Marco da Silva Ferreira dégenre les danses

22 March 2023 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le chorégraphe portugais est en ce moment en Ile-de-France, à la Biennale de danse du Val-de-Marne pour imposer son rythme lumineux. C A R C A S S est une pulsation politique et chorégraphique.

Avant les corps vient le rythme. Un batteur commence à marteler un tempo rapide dans lequel se jette Marco da Silva Ferreira, seul pour le moment. Son solo vient nous présenter le corpus du spectacle. Des mains comme des plumes, des bassins ultra-mobiles, des pieds croisés qui font basculer les chevilles de part et d’autre.  Le mouvement est hybride. Il convoque autant les codes du voguing que ceux des danses traditionnelles portugaises. 

Il est rejoint par une horde, elle aussi, multiple : André Garcia, Fábio Krayze, Leo Ramos, Marc Oliveras Casas, Maria Antunes, Max Makowski, Mélanie Ferreira, Nelson Teunis et  Nala Revlon. Toutes et tous sont très différents. Tatoué.es, grand.es, petit.es, les cheveux longs ou courts. Ils et elles arborent leurs bijoux. L’une cheveux plaqués et rouge à lèvre vif arbore même des boucles d’oreille.  Ils et elles sont vétu.es d’académiques découpés laissant voir la peau.

L’écriture est très facile à lire. La chorégraphie alterne les solos dans les temps de groupe ainsi que des pas de deux au travers de l’espace de scène comme le demande le rancho. Les danseurs et danseuses sont tous et toutes très puissant.es. Iels éblouissent dans ces accélérations.  

On l’a souvent écrit, les danses traditionnelles fascinent les chorégraphes (Rizzo, Roccoli, Mayer, Sciarroni…). Ils y puisent les pas pour interroger la part performative du geste. Dans un questionnement très actuel, Marco da Silva Ferreira décale ce questionnement esthétique et performatif pour l’inscrire dans le fond et la forme. 

Les pas traditionnels sont complètement englués dans une multitude de références. Cela va du cours de gym au speed du Jump Style. Les pas du rancho sont alors des pas comme les autres. 

C’est dans la montée en puissance des tableaux collectifs que la proposition est la plus forte. C A R C A S S compte des moments qui vont marquer l’écriture de la danse : sa chaîne humaine au sol où les danseurs et danseuses roulent en dépendant les un.es des autres en est une. Mais c’est son pas fermé, concentré sur les chevilles qui aura le plus fasciné. Il y a tout là-dedans. La notion de danse répétitive, mais aussi les évolutions qui ont amené le baroque à se dépouiller. C’est un tout petit mouvement qui n’a rien de minimal. C’est neuf, c’est beau et étonnant. 

C’est également très chouette de retrouver Marco au plateau. Il se déploie avec force et légèreté.  L’explosion de courses, de saut et de pulsation n’est pas vaine. Elle vient servir un seul propos : le corps est politique.

À voir le 25 mars au TLA, à Tremblay-en-France, toujours dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne, qui se poursuit jusqu’au 6 avril. Les 23 et 24 mars, vous pourrez voir la dernière création de Volmir Cordeiro, Abri.

Visuel : ©Jose Caldeira

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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