
Paulo Flores fait danser la Cité de la Musique
Le chanteur-compositeur angolais concluait samedi le week-end Lusitania organisé à la Philharmonie de Paris. Une performance saluée par un public enthousiaste.
Kizomba express
Ambassadeur de bonne volonté des Nations-Unis pour l’Angola, Paolo Flores a construit depuis une vingtaine d’année une œuvre remarquée tant l’artiste à su inventer de nouveaux genres musicaux : cette Kizomba , la musique de fête des quartiers, reconnaissable à cet enrobage électronique qui habille et soutient un mélange de zouk et de musique traditionnelle africaine (Congo et Angola) qui est alors (et toujours) dans toutes les têtes. Pour l’essentiel du public lusophone venu hier soir, c’est sur cette musique que se déploie les danses de salon. La communauté a pu en faire une démonstration, faisant fi du système de concert « assis » en se lançant sur le devant de la scène à quelques duos endiablés.
Semba en forte ondulation
On sait que les textes de Flores sont ancrés dans le vécu politique du pays. Celui-ci n’a pas son pareil pour évoquer en termes simple et très concret les dilemmes d’une société un peu déstructurée, passée de la guerre d’indépendance à celle de la manne pétrolière qui certes a enrichi les communautés mais en a aussi parfois abîmé les contours. Depuis les années 2000, Flores s’est réapproprié les rythmes du Semba d’antan, introduisant des paroles en portugais mâtinées du kimbundu parlé dans les quartiers déshérités. Plus avant, il revisite les classiques de la musique angolaise des années 60 et 70 les accompagnant de percussions traditionnelles (puita, dizanga, mukindo).
Fusion réussie
La musique de Paolo Flores apparaît aujourd’hui dans ce mélange réussi d’influences carabéenne, brésilienne, afro-cubaine et africaine. Sérénades d’amours jouées avec une simple guitare ou soutenues, plus enveloppantes, avec un clavier. Sa musique lusitanienne se déploie, chatoyante, dans toute sa rigoureuse complexité tantôt joliment ondulante tantôt arrangée avec doigté dans une sorte de rythme dans le rythme qui donne l’impression de pouvoir se balancer à l’intérieur des chansons. Comme dans une cambrure de l’âme.
Photos @Damien Poulain