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Le concert magique d’Acid Arab à l’Élysée Montmartre

Le concert magique d’Acid Arab à l’Élysée Montmartre

04 February 2020 | PAR Luca Juilliard

Incroyable, magnifique, génial… peu d’adjectifs sont assez forts pour décrire la performance d’Acid Arab le 31 janvier dernier à l’Elysée Montmartre. Précédé par les prometteurs Mauvais Oeil, le crew d’AA, formé en 2012, montre encore une fois que le style de musique qu’ils ont inventé est plus que jamais dans l’air du temps. Retour sur un concert jouissif, insolite et totalement réussi !

L’Acid Arab c’est quoi ?

C’est un style musical unique qui fusionne les mélodies subtiles, chaudes et profondes des musiques arabes avec la froideur glaciale et métallique des rythmes électroniques de l’acid. Ce savoureux mélange proposé par le groupe éponyme prend pour acte fondateur les compilations Acid Arab Collection (2013) où le groupe se révèle avec le single Theme. Dans ce morceau annonciateur, le oud, les darboukas et les flûtes Naï prospèrent sur un beat techno sec et efficace à 125 bpms. Le morceau est un succès immédiat et on l’entend très vite dans les tracklists des plus grands Dj’s.

Le Groupe Acid Arab

Quelques années et plusieurs Ep’s plus tard, le groupe sort enfin son premier album Musique de France (2016), hommage évident au précurseur Rachid Taha, présent sur l’album avec le titre Houria. Ce merveilleux CD, nommé aux victoires de la musique dans la catégorie “musique du monde”, est le résultat de plusieurs années de voyages et de rencontres que l’on retrouve sous forme de collaborations. La voix sombre de Cem Yildiz, l’énergie des soeurs A-wa ou encore la virtuosité du claviériste syrien Rizan Said sont autant de facteurs permettant à ces deux styles diamétralement opposés de s’unir sans perdre leur essence.

Le groupe, plébiscité par les salles et festivals du monde entier, passera trois longues années à enchaîner les dj set et les lives. Puis, en octobre dernier sort leur deuxième opus Jdid (2019), plus sombre et dansant mais toujours aussi ambitieux et efficace. C’est donc pour défendre ces morceaux que Acid Arab se lance dans une nouvelle tournée; durera-t-elle trois ans comme la précédente ? On l’espère !

L’Elysée Montmartre transformée en gigantesque dancefloor 

L’Elysée Montmartre, plongée dans l’obscurité, a l’allure d’une usine en ce vendredi soir, le public se chauffe sur une première partie prometteuse : Mauvais Oeil. On sent chez ce jeune duo franco-algérien un énorme potentiel malgré une performance scénique timide, leur premier Ep’s Nuit de Velours, (2019) est d’ailleurs un véritable joyau brut qu’il faut absolument découvrir. Pendant ce temps, la salle continue de se remplir sans discontinuer jusqu’à atteindre sa capacité maximale, le concert affichant complet depuis de longs mois. Le public quant à lui est totalement hétérogène, les plus jeunes côtoient des quadragénaires, les origines sont diverses, impossibles à catégoriser. Certains viennent de loin pour l’occasion et l’ambiance est électrique lorsque les trois musiciens entrent sur scène.

Un concert totalement maitrisé 

Le set proposé est incroyable de justesse, le quatuor fondateur composé de Guido Cesarsky et Hervé Carvalho dans la lumière et de Pierrot Casanova et Nicolas Borne dans l’ombre est accompagné par le claviériste virtuose Kenzi Bourras (ex-clavier de Rachid Taha et membre du groupe). On sent entre les cinq compères une alchimie travaillée et une maîtrise totale de leur musique. Chaque morceau est savamment orchestré pour faire monter le public toujours plus haut dans cette quasi-transe que procure parfois la musique “techno”. L’arrivée surprise du chanteur turc Cem Yildiz, avec son oud, est un jubilé pour un public aux anges qui le lui rend bien. Les artistes parlent peu entre les morceaux pour ne pas casser l’énergie mystique qui monte encore et toujours dans la salle. Les morceaux s’enchaînent sans que l’on ne voie le temps s’écouler. L’entrée de la chanteuse Cheikha Hadjla pour le single Malek Ya Zahri vient clôturer le concert à merveille. Son bonheur est communicatif et le large sourire qu’on lit sur son visage est la parfaite image de la qualité du moment que vivent ensemble spectateurs et musiciens. Après un court rappel et des applaudissements fournis, les musiciens quittent la scène et la salle se vide doucement. A l’extérieur, malgré mes recherches, il m’est impossible de trouver une personne déçue. Tous sont heureux comme moi d’avoir assisté à ce moment unique pour lequel les amoureux de musique continueront toujours d’acheter des places de concert, ce moment qu’on ne pourra jamais vivre derrière son ordinateur… 

Luca Juilliard 

 

Remerciements : Crammed Discs, Odile Fleury 

Visuel © Acid Arab 

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Luca Juilliard

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