Pop / Rock
[Chronique] « The Race for Space » de Public Service Broadcasting : 15 années de sentiments universels en 45 minutes

[Chronique] « The Race for Space » de Public Service Broadcasting : 15 années de sentiments universels en 45 minutes

09 March 2015 | PAR Pierrick Prévert

Alors que l’album au titre de profession de foi Inform – Educate – Entertain (2013) n’était porté que par un axe de cohérence artistique, The Race for Space de Public Service Broadcasting renoue avec les premiers amours du groupe, et focalise ainsi son œil sur un événement historique particulier, tout en conservant scrupuleusement le style signature qui a fait son succès. Le premier EP The War Room était centré sur la Seconde Guerre Mondiale ; sur cet album, « J. Willgoose » et « Wrigglesworth » mettent en musique la course à l’espace.

[rating=4]

15 années de sentiments universels sont ici relatés, de l’excitation suscitée suite au vol du premier satellite artificiel Spoutnik 1 jusqu’à la fierté teintée d’amertume des derniers pas sur la Lune d’Apollo 17, en passant par l’émotion ressentie lors de l’accident tragique d’Apollo/Saturn 204. Un album fait de souvenirs, de sourires, d’ambition planétaire, de larmes et de pas de danse démentiels, le tout sur des arrangements électro, funk, pop et rock.

L’album s’ouvre sur des extraits du discours historique de JFK à l’université Rice, ici soutenus par une chorale aérienne. Clin d’œil involontaire ou non, on se souviendra que l’anecdote, ici racontée par JFK, « Why should a man climb Everet ? Because it is there » de l’explorateur George Mallory figurait déjà sur le titre « Everest » du premier album. Suit ensuite le titre « Spoutnik », qui mêle musique électronique aux bips du premier satellite artificiel, une excitation grandissante et amenant à un final majestueux. A cette excitation se mêle ensuite la joie funk pop et irrésistiblement dansante du morceau « Gagarin » : « The whole planet knew him and loved him », avant d’être brutalement rafraîchis avec le morceau « Fire in the Cockpit » par le bruit froid et blanc d’une transmission annonçant l’accident tragique au sol d’Apollo/Saturn 204 (Apollo 1) qui a coûté la vie aux astronautes Virgil Grissom, Edward White et Roger Chaffee.

« E.V.A. » pour sortie extravéhiculaire, raconte la première de l’humanité, celle d’Alexeï Leonov et nous fera partager le bouillonnement de sa préparation puis de la sortie elle-même où, après les paroles traduites du cosmonaute, « I’m beginning to move away », arrive le flottement dans l’espace, la suspension sans dessus ni dessous, avec seulement une lointaine voix russe dans une radio grésillante, et le morceau reprend alors. « The Other Side » nous fera accompagner Frank Borman hors de l’orbite terrestre et autour de la face cachée de la lune. Arrive ensuite « Valentina », hommage à Valentina Tereshkova, première femme dans l’espace, dans ce morceau en collaboration avec les Smoke Fairies où, fait notable, un seul morceau d’archives sera discrètement utilisé : une transmission radio de quelques secondes.

Avec « Go! », les différents acteurs du vol accompagneront de leurs « Go! » le trajet d’Apollo 11 menant à l’alunissage du premier vol habité, le tout accompagné par un synthé et des riffs de guitare semblant se livrer à une course. En contraste à cette ferveur, un extrait audio du directeur de vol d’Apollo 11, Eugene F. Kranz déclarant « We’re off to a good start. Play it cool ». Finalement, sur « Tomorrow », nous entendrons les derniers hommes à avoir marché sur la lune, Eugene Cernan et Harrisson Schmitt, dans leurs dernières déclarations solennelles avant de quitter la surface lunaire. L’album se terminera alors, laissant l’auditeur satisfait de son voyage, informé, éduqué et diverti, avec l’envie brûlante de tourner à nouveau ses yeux vers les étoiles et ses oreilles vers un nouvel album du groupe.

Si vous souhaitez revivre cette épopée historique dans l’ordre chronologique, l’ordre de lecture est le suivant :

1) Sputnik (octobre 1957) ;
2) Gagarin (avril 1961) ;
3) The Race For Space (septembre 1962) ;
4) Valentina (juin 1963) ;
5) E.V.A (mars 1965) ;
6) Fire in the cockpit (janvier 1967) ;
7) The Other Side (décembre 1968) ;
8) Go! (juillet 1969) ;
9) Tomorrow (décembre 1972).

Public Service Broadcasting, The Race for Space, 2015, Test Card Recordings, 43 min.

[Exclu] Deux morceaux de High Angle Shot en téléchargement gratuit
“Egg” d’Hideki Noda au théâtre national de Chaillot
Pierrick Prévert

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration