
Le Ring, combat de rock sur France Ô
A la rentrée, le week-end commence en musique sur France Ô avec Aline Afanoukoé. Un vendredi par mois, Aline au pays des merveilles cède la place au… Ring. Dans le clair-obscur d’un gymnase de boxe, deux artistes se confient à Aline avant d’affronter le public sur le ring. Pour les deux premiers matches, d’abord Gaël Faye et Charlie Winston, puis Stuck in the sound et Orelsan enfilent les gants.
Un concept original et accrocheur : évoquer, à travers la préparation à l’entrée en scène et le concert, le monde de la boxe. Concentration, détermination, acclamations et sueur sont de la partie sur Le Ring, véritable confrontation entre l’artiste et la caméra. Il ne s’agit donc pas d’un duel comme pourrait le laisser présumer la présentation montée par France Ô, mais d’un simple concert en bonne et due forme.
Enfin, simple. Ce que Le Ring doit au noble art, c’est le passage aux vestiaires, une interview intime de l’artiste où la présentatrice met à l’aise le nexus de contradictions et d’influences qu’elle reçoit en lui présentant un cube portant sur chaque face une image ou des noms évoquant ses origines, ses influences et ses directions. Après cette série de révélations cruciales pour comprendre l’œuvre et la personnalité de l’invité de marque, un passage sur la table de massage permet à ce dernier de répondre à quelques questions posées par des internautes, puis d’énoncer une liste de titres musicaux motivant leur existence.
Avant de passer sur scène, il passe enfin devant le miroir, prononce ses vœux et s’auto-harangue pour maintenir la pression au maximum, ou au contraire la relâcher pour être à l’aise face au public. Pour le reste, c’est de la télévision et du show business : un portrait d’eux est peint avant le concert par un artiste d’un autre genre, mais tout aussi talentueux (Frédéric Adrait, puis Frank Rannou), et lui est présenté et offert après le concert.
Ce dernier, composé de quatre à cinq chansons de son répertoire récent (ce qui est un pléonasme, puisque les artistes invités sont tous dans la première moitié de leur carrière), est remarquablement bien amené et animé par Aline Afanoukoé. Les artistes de première partie ont le mérite de commencer dans une ambiance glaciale et de chauffer à blanc le public de deux cents personnes de la Bellevilloise, de faire progresser leur intérêt ainsi que la température. Si les stars ont plus de mérite à l’année, ce soir elles profitent sans gêne de la chaleur résiduelle, et le font plutôt bien.

Le slam et le rap intelligents et sensibles de Gaël Faye, révélation 2012 du label Motown France, décape et remet les horloges de la réputation du hip-hop à l’heure, ce pour quoi nous ne pouvons que le remercier. Le rock indépendant de Stuck in the sound est hallucinant de puissance et de fluidité. Inutile de présenter la pop élégante et romantique du gentleman SDF Charlie Winston, ou le rap video game caustique d’Orelsan. Les images du Ring roulent des mécaniques à raison car elles sont magnifiques et haletantes. Dommage donc que le montage en soit de qualité amateur, et que quelques erreurs de production (exemple : sur le “cube” d’Orelsan, une image censée représenter le manga One Piece l’ayant inspiré, est en fait le logo d’une encyclopédie en ligne qui lui est dédiée), viennent gâcher ces interviews si rares et précieuses.