
LA SÉLECTION POP-ROCK-INDÉ-ELECTRO-RAP DE JANVIER 2019
Chaque mois, la rédaction musique de Toute La Culture.com fait le tri parmi ses coups de cœur « pop ». Place à la musique du peuple ici, où les guitares croisent autant les pads que les violons. Enjoy!
Marvin Jouno, Sur mars (Un Plan Simple). Sortie le 25 janvier.
C’était il y a deux ans déjà, avec un premier album remarqué, “Intérieur nuit”, avec son titre phare très entrainant “Quitte à me quitter”. Dans son nouvel opus, “Sur mars”, Marvin Jouno creuse son sillon mêlant chanson, pop, hip-hop et musique électronique. De sa voix à la fois profonde et éraillée, Marvin Jouno propose 11 nouvelles chansons, où il est question de grands espaces, d’oubli, mais aussi de disparition, autant de morceaux au style très cinématographique. (Jean-Emmanuel P.)
Numéro, d’Auren (Bellevue Music). Sortie le 1er février.
Dans l’album, intitulé “Numéro”, Auren propose des portraits de femmes, toutes singulières : l’impatiente, la révoltée, l’amoureuse… Cet album pop-folk est le fruit de la rencontre avec le groupe Calexico. Avril 2016, Calexico joue à Lyon. A la fin du concert, Auren confie quelques maquettes, c’est alors qu’ils décident, séduits, de réaliser entièrement l’album. Servis par une voix à la fois puissante et touchante, on retiendra tout particulièrement des titres comme “Moi Jane” sur le machisme ordinaire, “Edith” sur une femme excentrique “qui suscite les appétits”, et “Emilio” sur l’usure du couple. Aux Trois Baudets, le 20 février. (Jean-Emmanuel P.)
Loane, Alone (Huit Heure Cinq). Sortie le 15 février.
Éliminons toute suite tout risque de confusion. Il s’agit de Loane, sans “u”, qui sort son troisième album, au titre “Alone” en forme d’anagramme. Edité sous son propre label, cet album associe des artistes comme O (Olivier Marguerit), Auden, Rose, Thousand… Au fil des 11 titres de l’album on y parle de voyages, de grands espaces, d’amour et de joie, de duos, comme celui avec Michel Gondry, dans “Ne m’oublie pas”, et son refrain délicatement ironique “n’oublie pas ma gueule ou je te casse la tienne”, de questionnement existentiel avec son double imaginaire dans “Normal”, et ses mots “je vais là où le ciel me dit non, me dit non.. je ne trouve pas d’ordinaire à ma taille, suis-je bien normale, normale, normale”. Une belle (re)découverte. (Jean-Emmanuel P.)
Bertrand Belin, Persona (Cinq7t/Wagram music). Sortie le 25 janvier.
Il est temps d’admettre que le travail paie. Qu’une chanson est loin d’être le simple agencement d’un algorithme simple et bien troussé produit par quelques professionnels de la gonflette tonale. Non, ce n’est pas ça. Il y a d’abord l’inattendu, l’effet de silence, la voix qui n’est pas où elle devrait être et un disque fabriqué comme un roman avec des chapitres qui tiennent en haleine métaphysique, des chœurs justes et sobres (Tatiana Mladenovitch). Des mains plongées dans un ouvrage tendre et chaleureux, la tête dans un monde terrien qui ne compte plus seulement des humains mais toute une bande d’animaux devenus doucement de subtils voisins. Il suffit de se taire, il suffit d’écouter, l’amour flotte tranquillement dans un petit filet de voix. Le nouvel album de Bertrand Belin est, pour l’heure, la meilleure nouvelle de l’année (Antoine Couder).
Symboter, Die Transzendenz (1982-2016, Alter K). Sortie le 22 février.
Cette réédition de l’essentiel de l’œuvre d’Olaf Schirm alias Symboter donne un bon aperçu des lointains débuts de la musique électronique « grand public ». Grande vague du Moog et imaginaire disruptif entre fantastique et Krautrock, les compositions électro-mélodiques du Symboter sont fortement influencées par Kraftwerk qui va définitivement imposer les ordinateurs sur le devant de la scène. Il demeure chez le musicien une extrême candeur qui trouvera de quoi s’épanouir dans des collaborations plus « tech » avec des artistes tels Peter Gabriel ou Dieter Meier( Yellow). Olaf Schirm se passionnera par la suite pour l’Intelligence artificielle, les vêtements sensoriels à capteurs intégrés et casques à réalité augmentée qui le feront entrer dans le Panthéon des jeunes bidouilleurs électro des années 2000 (Antoine Couder).
Balthazar (Play It Again Sam) Fever-Sortie le 25 janvier
Nous n’osions plus y croire depuis que Maarten Devoldere s’était envolé en carrière solo sous le nom de Warhaus, et que Jinte Deprez, l’autre compositeur du groupe s’étais transformé J. Bernardt.
Et puis en ce début d’année, le quintet est de retour. Voix grave intact et flow lent intactes. Nous sommes bien dans la maison de Balthazar, pour déjà ce quatrième album. De “Fever” à “You’re so real”, on chaloupe avec classe. Pas de grande révolution, si vous aimiez Balthazar avant, vous les aimerez maintenant. On adore retrouver les envolées et les presque tentations électroniques ( Grapefruit). On accueille avec joie le tournant Crooner clairement 80 dans “You’re so real”; Et on repart au début, avec le bombesque “Fever” ( chœur baryton à saluer !) qui semble en chorale testostéronée nous ouvrir la voie pour ces 11 titres, tous parfaits.
Ultra efficace, Fever va sérieusement nous accompagner tout l’hiver.
En concert le 25 mars au Casino de Paris ( Amélie Blaustein Niddam)
M, Lettre Infinie (Wagram Music) sortie le 25 janvier
Entre son aventure avec la famille Chedid et Lamomali, ça faisait longtemps que l’on n’avait pas retrouvé M en solo. Et pour notre plus grand plaisir, il est à la hauteur des attentes de son public. Il livre ici un opus tout en poesie et en harmonie mélodique, comme il sait si bien le faire depuis plus de 20 ans. Accompagné par sa fille Billie sur les chœurs de certaines de chansons, on retrouve également un émouvant et très réussi duo père/fille sur le titre du nom de la jeune-fille. Encore une fois, Mathieu Chedid met l’accent dans cet album sur la communion et l’unisson, mais aussi sur la douceur et la bienveillance. Souhaitons qu’à travers sa tournée en France, il puisse insuffler cette énergie positive à son public, qui depuis le 25 janvier est tres certainement dans une écoute infinie de cette Lettre Infinie. (Sarah Dray)