
La playlist droite dans ses bottes
Cette semaine, Aloïse Sauvage, Saintard, Dimoné & Kursed, Little Simz et Royal Trux.
Présentement — Aloïse Sauvage
Premier titre du premier album de la jeune Sauvage en mode programmatique, l’inflexion suburbaine, le rap dans les jambes matinée d’un petit effet vocal et, bien sûr, le goût du (dés) équilibre qui caractérise celle qui est aussi danseuse. Tout cela devrait suffire à une bonne promo. Attention requise sur les textes, toujours plus subtils qu’ils n’y paraissent.
Paradoxe — Saintard
On s’y perd un chouïa avec tous ces brillants jeunes premiers capables de réinventer la lune, ici dans un chassé croisé entre Pierre Vassiliu et Louis Chedid avec ce que l’on appelle aujourd’hui «le groove» soit cette façon un peu bourré de rebondir sur un tapis de balles en plastique dans un magasin Ikea (pendant que les parents font leurs emplettes). Il y a bien quelque chose qui serait presque jouissif dans ce paradoxe, non?
C’est nickel — Dimoné&Kursed
Les mythiques et très krautrock de Faust l’ont joué sur un mode «ouvrier spécialisé (La Poulie), Dimoné le propose pince sans rire façon Star Academy, micro coaching de celui ou celle qui chante; enfin, c’est ce que l’on imagine. Très malin, en tout cas, la montée en puissance rock des Clapassièrs de Montpeul. sur ce qui serait l’aboutissement du propos : tenir ni trop ni trop peu, Dimoné apportant à tout cela le zeste d’ambiguité sémantique qui fait décoller la chanson. Nickel.
Sherbet Sunset — Little Simz
Du rap comme les Français l’adorent, anglais et bien sûr londonien, puissant mais malin, féminin donc et déjà passé par les bonnes ondes hexagonales (Rock en Seine 2016). On la retrouvera d’ailleurs à l’Afro Punk parisien du 13 juillet… En attendant un premier album à l’image de ce titre impeccable qui réinvente le bel artisanat du minimalisme.
White Stuff — Royal Trux
Mais comme souvent, les héros du jour sont des revenants, miroir brisé de l’explosif sex drugs and rock’n roll gangsta des années 90, le duo rigolo et punkoide parle d’un monde où le trash n’était guère genré mais explicitement foutraque et je menfoutiste (white stuff ?) inventant et réinventant l’acidité du groove sur des portées des bolosses du hard. Un peu moins fin que le regretté Mark Smith de The Falls, le Royal Trux mérite toutefois une écoute sérieuse, leur notoriété ne dépassant guère un tout petit cercle de spécialistes… Prenons-le donc comme une sorte de nouveauté futuriste. One more.