
Disparition de Gal Costa, Que Pena
Une des voix les plus scintillantes du Brésil s’est éteinte hier à São Paulo.
Le Brésil et le mouvement tropicália pleure la perte d’une de ses plus belles représentantes.
Originaire de Bahia comme ses compères Caetano Veloso, Gilberto Gil et Maria Bethania, Gal Costa est décédé à 77 ans, laissant derrière elle Gabriel, son unique fils adoptif de 16 ans.
Protagoniste d’un mouvement de contre-culture
En 1967, avec son œuvre Tropicália mettant en dialectique l’aspect paradisiaque du Brésil, ses injustices et ses “favelas”, Hélio Oiticica ouvre la porte à Caetano Veloso et Gilberto Gil pour inscrire leur musique dans une pensée politique radicale où la liberté est brandie contre la dictature militaire. Une réflexion très marquée par les mouvements de 1968 en Europe, notamment avec sa chanson “É proibido proibir”, traduction littérale du slogan français : « Il est interdit d’interdire ».
Dès son premier album en 1967, Caetano invite Gal Costa à partager l’affiche. Un succès de bossa nova et MPB typique de la période qui servira de tremplin pour explorer et constituer le mouvement tropicaliste par la suite. Du rock, de la pop et du funk shootés au psychédélisme viennent traverser tous les rythmes traditionnels brésiliens sur lesquels Gal Costa fait jaillir sa voix cristalline.
Une diva tropicaliste de Bahia
Au début des années 1970, après l’exil de Caetano Veloso et de Gilberto Gil, elle devient « la muse de la contre-culture brésilienne » en tant qu’une des représentantes principales encore présente au Brésil.
Adulée par le mouvement hippie pour ses airs de Janis Joplin, Gal Costa incarne cette liberté “do Brasil” en proposant une musique qui se veut sans frontières, affranchit de toutes contraintes stylistiques.
Figure de la marginalité, elle est devenue, au fil des décennies, une icône populaire de la musique brésilienne. Avec Maria Bethania, sœur de Caetano Veloso, elles sont considérées aujourd’hui comme les deux plus grandes chanteuses du Brésil.
Ils lui rendent hommage
Dès l’annonce de sa mort, Caetano, son ami de toujours, a partagé un montage vidéo de eux deux :
Gal era uma menina que morava na Rua Rio de São Pedro, na Graça. O mais tocante era a emissão da voz. João Gilberto, Antonio Carlos Jobim e eu percebemos isso. Há muitos outros aspectos em que a canção brasileira se encontrou engrandecida por vozes femininas. pic.twitter.com/DSqVv2RxNA
— Caetano Veloso (@caetanoveloso) November 9, 2022
Sa sœur de chant a elle aussi directement réagi publiquement en prenant la parole face caméra :
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Gilberto Gil : « Je suis très touché et attristé par le décès de ma sœur Gal Costa ». Une phrase qui en dit beaucoup sur la relation qu’ils entretenaient.
Visuel : © Creative Communs, Teca Lamboglia