Cuba envisage d’interdire le reggaeton dans les lieux publics
Rien de décidé pour l’instant mais Cuba envisage d’interdire la diffusion de reggaeton dans les lieux publics, la polémique est née il y a un an suite à la diffusion au théâtre Karl Marx de la Havane du clip d’Osmani Garcia “Chupi chupi” et ses paroles pour le moins explicites dont voici la première “strophe” (l’intégralité des paroles) .
Dame un chupi chupi,
Que yo lo disfruti,
Abre la bocuti,
Y tragatelo tuti.
Traduction: Fais moi une sucette, sucette, que j’en profite, ouvre la bouche et avale tout.
Sur cette note poétique tentons objectivement de réfléchir à la pertinence de cette mesure.
Des réactions contrastées:
Cuba est une ile où la musique est prépondérante, variée (du Buena Vista social Club au reggeaton en passant par la salsa et le meringué). Le reggaeton qui est une variante du rap est influencé par des codes du rap US (tenues vestimentaires, gestuelle, thèmes abordés mais aussi, et c’est ce qui pose parfois problème, réalisation de clips dans lesquels la femme n’est qu’un instrument au service de l’homme et une récompense au meme titre qu’une poignée de dollars. Après le choc Osmani Garcia, Orlando Vistel Columbié, président de l’Instituto Cubano de la Música revient sur le reggaeton dans l’article ci-dessous (Source Diaro Granma, organe officiel du parti). “Ni la vulgarité, ni la médiocrité ne pourront ébranler la richesse de la musique cubaine.” Il s’agit donc tout simplement pour M. Vistel Columbié d’une menace sur la culture et la musique cubaine dans son essence-même!
Dans un pays où l’on n’est pas habitué (ni autorisé) à donner son avis c’est sur les blogs que les cubains se déchainent, notamment sur le blog de Yoani Sanchez qui a declenché un grand nombre de commentaires (aujourd’hui clos)
Malgré son coté vulgaire et sexiste, le reggeaton reste une musique très appréciée des cubains mais aussi au Panama, en République Dominicaine et à Puerto Rico.

Le clip à l\’origine de la polémique
Les conséquences sur les musiciens de reggaeton:
Si la mesure est entérinée par le parlement cubain, les conséquences seraient très lourdes pour le reggaeton, en effet, les artistes, qu’on les considère comme tels ou pas, seraient tous simplement radiés des listes officielles et ne pourraient donc pas travailler librement, les diffusions radio et télé seraient interdites avec les conséquences financières que l’on peut imaginer alors que pour nombre de jeunes cubains faire du reggeaton est la clé du succès et de l’argent…
Le reggaeton chez les voisins:
Le cas le plus intéressant est sans aucun doute celui de la République Dominicaine où le reggaeton est omniprésent. Pour limiter les excès, le gouvernement dominicain a choisi, non pas de l’interdire dans les lieux publics, mais de “filtrer” ce qui peut etre diffusé ou pas. Ainsi la commission des spectacles publics de la République Dominicaine a notamment interdit 22 chansons du groupe Calle 13 sur demande d’associations nationales contre la violence, la maltraitance des femmes et des mineurs. Paradoxalement, la commission se garde bien de préciser les sanctions et Calle 13 se produit quelques temps après sans la moindre polémique!
Le reggeaton dominicain porte beaucoup moins à polémique puisqu’il s’engage essentiellement sur des thèmes sociaux même si on peut encore déplorer une utilisation de la femme indigne, bien souvent, et une apologie de l’argent (sous forme de dollars US évidemment, en pesos c’est moins chic). D’une qualité bien supérieure au reggaeton cubain le dominicain mise sur une musique recherchée et des sujets plus variés, comme celui-ci, une petite perle d’auto-dérision qui tourne en boucle partout dans les Caraibes, “el Teke teke” sur le thème de l’homme…battu!