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[Live Report]: Orchestre national de France au TCE, Le double à tous les étages !

[Live Report]: Orchestre national de France au TCE, Le double à tous les étages !

07 March 2014 | PAR La Rédaction

Jeudi 6 mars, l’Orchestre National proposait un programme bicéphale, à l’image de la symphonie n°2 d’Henri Dutilleux, dite  « le Double », puisque, outre cette pièce, on pouvait entendre le 2e concerto pour piano de Camille Saint Saëns suivi de deux pièces d’Emmanuel Chabrier, Bourrée fantasque et España.

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Curieuse association d’une première partie – Dutilleux – moderne, profonde, portant à réfléchir, et d’une seconde – Saint Saëns et Chabrier – clinquante, joyeuse, contente d’elle-même. Pourtant, tout nous a plu!

Nous venions pour le concerto de Saint Saëns. Composée en 1868 en dix-sept jours seulement, cette œuvre n’exprime rien, sinon la vélocité qui est à la musique ce que l’haltérophilie est au sport. Démonstration de force, donc, qui sonne un peu creuse. Si Liszt, présent lors de la création, semble l’inspirateur de cette musique, on songe aussi que Saint Saëns est un Rachmaninov avant l’heure, sans la tristesse, ou un Liszt. Les trois mouvements, Andante sostenuto, Allegro scherzando, Presto ( on notera l’absence de mouvement lent ) témoignent d’une musique honnête, sans pathos artificiel.

Cédric Tiberghien est un pianiste extraordinaire, qui parvient à rendre délicate une musique qui tient quand même de la grosse artillerie. Son toucher est subtile, et son jeu fougueux à souhait. Ce concerto semble une caricature du jeu pianistique : des cataractes d’arpèges, d’octaves, de traits chromatiques virtuoses. L’orchestre est à son affaire, même si certains décalages avec le soliste auraient pu être évités (notamment dans le final du premier mouvement). En bis, Tiberghien nous offrait la quatrième pièce des Miroirs de RavelAlborada del gracioso. Toute la profondeur et la richesse harmonique en six minutes.

La première partie était consacrée à Dutilleux et à sa deuxième symphonie, datant de 1959. Cette œuvre impressionne d’abord par la disposition de l’orchestre sur scène puisqu’elle le divise en deux, un ensemble de douze solistes (composé d’un hautbois, d’une clarinette, d’un basson, d’une trompette, d’un trombone, d’un clavecin, d’un célesta, de deux violons, d’un alto, d’un violoncelle et de timbales) placés en cercle autour du chef, et le reste de la troupe. Dutilleux s’est défendu de (re)faire un concerto grosso, préférant parler de jeux de miroirs. L’important est ailleurs, dans le rêve sombre et envoûtant. On entend beaucoup de références, Schoenberg souvent, Debussy pour l’impressionnisme, Poulenc pour l’utilisation du clavecin. Le National est fait pour jouer cette musique. On a particulièrement aimé l’introduction de l’andantino par les contrebasses, émergeant de profondeurs mystérieuses.

Il faut dire à quel point cette musique est euphorisante, colorée et accessible. Ecoutez-la ICI !

Le concert s’achevait avec Chabrier, musique sans intérêt mais simplement joyeuse. Une très belle soirée !

Par Mathieu Orsi

Visuel: Ludovic Morlot © S.Ahlburg

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