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Les artistes du Théâtre d’opéra et de ballet d’Odessa sont à Saint-Germain-des-Prés

Les artistes du Théâtre d’opéra et de ballet d’Odessa sont à Saint-Germain-des-Prés

28 November 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

Pour sa sixième édition le festival Un week-end à l’Est a choisi la ville d’Odessa. Du 23 au 28 Novembre 2022, le festival propose une quarantaine d’événements dans le sixième arrondissement de Paris et au-delà. Les artistes du Théâtre d’opéra et de ballet d’Odessa donnent un concert le 26 Novembre à 20H30 en l’église de St-Germain-des Prés.

Odessa. L’escalier Potemkine, sa belle architecture du XIXe siècle, la mer Noire : cette ville de plus d’un million d’habitants ne manque pas d’attraits. Odessa, une ville de culture confrontée à la guerre. Odessa en résistance : les artistes du Théâtre d’opéra et de ballet continuent à travailler même si, comme actuellement, les répétitions doivent se faire à la lueur des bougies. Ce théâtre emblématique de la ville a été bâti en 1810 dans un style néo-baroque et reconstruit en 1873 après un incendie.

Des musiciens talentueux

Les extraits d’opéras ukrainiens, arias ou duos, alternent avec des chants traditionnels. Le concert débute par l’aria de Bohdan : la voix du baryton Vitaliy Bilyy remplit l’église. Sa puissance et sa profondeur évoquent le souffle épique du guerrier cosaque que fut Bohdan Khmelnytskyï, le libérateur de l’Ukraine. La soprane Yulia Tereshchuk apparaît en costume traditionnel. Elle interprète « Et avec le cœur de lin », un chant traditionnel selon un texte de Taras Shevchenko, le grand poète ukrainien. Sa voix se fait envoûtante, enjôleuse, passionnée aussi. Le ténor Vladislav Goray interprète à son tour un chant traditionnel : sa voix est superbe, son interprétation magnifie la mélopée, dévoile toute sa mélancolie. La soprane Alina Vorokh vocalise sur un aria de l’opéra Arsenal (composé par G. Maiborada en 1960). Sa voix semble flotter au-dessus du jeu pianistique très fluide puis devient passionnée. Les duos sont extraits de l’opéra de S. Hulak-Artemovsky : Le Zaporogue au-delà du Danube composé en 1864. Le premier duo est une scène de ménage très drôle, la mauvaise foi paraît reine, les chanteurs se révèlent d’excellents acteurs. Le second duo montre un couple uni par l’amour et la tendresse. Le programme du concert nous offre une surprise avec un détour par l’Italie : les quatre chanteurs interprètent ensemble « O sole mio », une chanson d’amour napolitaine composée par Eduardo di Capua lors d’un voyage… à Odessa. Vitaliy Bilyy surjoue le bel canto ! Très drôle. Les accompagnements de piano d’Igor Parada sont remarquables : il joue des partitions souvent complexes, son jeu est très expressif.

Un concert dédié à la patrie en danger

« Notre poussin coq sera et la guerre éclatera ». La soirée débute par la lecture de la traduction française des poèmes de Lyudmyla Khersonska, une poétesse ukrainienne présente ce soir. Était également présent l’invité d’honneur du festival Boris Khersonsky, poète d’Odessa renommé, qui écrit maintenant en ukrainien. Trois des quatre opéras dont nous avons entendu des extraits sont consacrés à l’épopée des Cosaques. Bohdan Khmelnytskyï est un chef militaire cosaque qui a conduit le soulèvement de l’Ukraine contre la Pologne en 1648. Nazar Stodolya, héros de l’opéra de K. Dankevych (composé en 1960) est aussi un chef cosaque qui vint au secours des serfs et des plus pauvres. Son histoire inspirera Taras Shevchenko, le poète et héros national ukrainien, incarcéré puis exilé pour son combat contre l’oppression tsariste. L’histoire ukrainienne, cette histoire souvent niée, imprègne donc le concert de ce soir. Il se termine par la prière pour l’Ukraine, poème patriotique de M. Lyssenko (1848-1912). Ce compositeur a fondé la tradition musicale nationale, en particulier en collectant et en classant les chansons folkloriques ukrainiennes. Le public s’est levé pour écouter cette prière, cet hymne national, moment très intense.
L’église de Saint-Germain-des-Prés était pleine pour cette très belle soirée, très émouvante dans le contexte actuel et qui permit aussi de découvrir un patrimoine musical ukrainien peu connu en France. Une soirée qui confirme la richesse et la résilience de la culture ukrainienne.

Visuel : © JMC

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Jean-Marie Chamouard

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