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Haendel à la Seine Musicale : Un moment de joie et de bonheur.

Haendel à la Seine Musicale : Un moment de joie et de bonheur.

19 April 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

 

Les concerts du 14 et du 15 Avril 2022, à la Seine musicale sont consacrés à la musique profane et sacrée de Georg Friedrich Haendel. Le programme comprend des extraits de deux opéras : Rodelinda et Ariodante puis le Dixit Dominus. Il est interprété par Insula Orchestra sous la direction de Laurence Equilbey, par le Chœur Accentus, par les Sopranos Francesca Aspromonte, Marie Lys, Chiara Skerath et par le contre ténor Lawrence Zazzo.

Georg Friedrich Haendel (1685-1759) est un compositeur voyageur, européen dans l’âme. Il personnifie l’apogée de la musique baroque, réalisant la synthèse des traditions musicales allemandes, italiennes et anglaises. Il se consacrera à l’opéra italien pendant 35 ans, écrivant une quarantaine d’opéras sérias, puis à l’Oratorio en langue anglaise.

Deux opéras baroques en italien

Le concert débute par des extraits de l’opéra Rodelinda, crée à Londres le 13 février 1725 pour la Royal Academy of Music .Nous sommes en Lombardie au VIIème siècle. Le roi Bertarido a été déposé et son épouse le croit mort. « Vis tyran, épanche ta colère » : le roi déchu exprime sa fureur, les vocalises du contre ténor sont impressionnantes, puis la colère laisse la place à la mansuétude. La voix du contre ténor américain Lawrence Zazzo devient plus douce, elle est soutenue par les violons et répond à la flûte dans un très beau duo. « Ombres, pleurs, urnes funèbres ». Rodelinda arrive sur la tombe de son époux. L’aria est interprétée par la soprano suisse Marie Lys C’est un cri plaintif, une supplique, la douleur s’exprime aussi dans le jeu de la cantatrice. Bertarido contemple sa stèle et son épitaphe avec perplexité, étonnement, puis chante un appel poignant à sa bien-aimée. La douceur de la voix, l’accompagnement discret par le clavecin expriment la douleur contenue du roi. « Lo t’abbraccio », stupéfaction puis étreinte : les deux époux se retrouvent et chantent à l’unisson. Le jeu des deux solistes est très expressif renforçant la dimension tragique, les effets de surprise aussi de l’opéra d’Haendel.
Haendel écrit l’opéra Ariodante en 1734 pendant une période est difficile : il est confronté à des difficultés matérielles, financières aussi et à des rivalités politiques. Ginevra la fille du roi d’écosse doit épouser le beau chevalier Ariodante. Par jalousie Ginevra est faussement accusée d’infidélité… « Scherza Infida », Divertis-toi infidèle. Ariodante hésite entre colère et abattement puis il est tenté par la vengeance. Le rôle avait été confié en 1735 au célèbre castrat Farinelli. Ce soir, il est chanté par la Soprano suisse Chiara Skerath, tour à tour douloureuse puis malicieuse. Puissance, chaleur, douceur de sa voix, cet aria est de toute beauté. Ginevra ignore tout de l’intrigue. Elle chante son amour pour Ariodante. La musique est joyeuse, enthousiaste, les vocalises de Marie Lys spectaculaires. Puis Ariodante apprend la supercherie. « Après cette sombre nuit, le soleil resplendit plus vif dans le ciel » : Chiara Skerath-Ariodante laisse éclater sa joie et Marie Lys-Ginevra se fait séductrice.

Un chef d’œuvre juvénile

1707. Haendel est à Rome. Il n’a que 22 ans et compose, pour ses puissants protecteurs romains, le Dixit Dominus, une cantate en huit chœurs ou arias écrite d’après le psaume 110. Une œuvre exaltante, jubilatoire «qui coule, qui roule, haletante, rebondissant comme une cascade sur des roches ». Le succès sera vif, et une conversion au catholicisme sera même proposée au compositeur, une proposition qu’il déclinera. Dixit Dominus : le chœur est célèbre, la musique fougueuse, dynamique, l’orchestration chatoyante rappelle Vivaldi. C’est une proclamation enthousiaste de la jeunesse. Dans l’aria suivant : « Virgam virtutis tuae », le contre ténor est accompagné du seul violoncelle. Un duo serein, émouvant, un récitatif qui monte vers le ciel. Puis la chaude voix de la soprane s’élève au dessus des cordes et du clavecin en basse continue. « Il boira au torrent en chemin : cet aria est une tendre et belle consolation, les deux sopranes chantent à l’unisson. Le chœur et l’orchestre se rejoignent pour le gloria final, la musique est triomphante, c’est une louange à la gloire de Dieu.

Une musique heureuse, tel est le sentiment qui se dégage de ce concert consacré à Haendel. L’enthousiasme du Dixit Dominus est communicatif. L’auditeur découvrira deux de ses opéras grâce au talent d’Insula Orchestra et des solistes.

Visuel : JMC

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Jean-Marie Chamouard

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