
Cap Ferret Music Festival : classique et jazz main dans la main sur la presqu’île
La 8ème édition du Cap Ferret Music Festival a mis une nouvelle fois en lumière des interprètes confirmés aux côtés des révélations dont on n’a pas fini de parler. Cette symbiose entre plusieurs générations de musiciens aux univers différents a pour cadre l’accent chantant, dynamique et convivial du bassin d’Arcachon.
Créer une famille d’artistes… C’est l’un des objectifs du Cap Ferret Music Festival depuis sa création en 2010, l’autre but étant bien sûr de proposer au public pendant une semaine, à travers 18 concerts itinérants, une offre musicale variée, du classique au jazz, des voix de soprano au piano, du répertoire de Jacques Brel à celui de Debussy ou les grandes musiques de films. Il suffit de voir la pianiste internationale Hélène Berger, co-fondatrice et directrice artistique du festival, les sourires des organisateurs, bénévoles pour la plupart, aux petits soins jour et nuit pour les participants et les spectateurs, qui démontent et remontent les scènes, pour constater les bonnes ondes attachées à ce festival, à la fois familial et de dimension internationale. Retour sur l’édition 2018 achevée le 13 juillet dernier. Cette année, une soixantaine d’artistes de renom, de solistes ou en formation sont venus de tous les continents.

Des concerts, des masterclass et des surprises
Le 7 juillet a commencé en toute beauté avec en ouverture, sur le sable du domaine paradisiaque de la plage du Mimbeau (entre la dune du Pilat et le phare du Cap Ferret), un concert du quintet international de saxophonistes solistes Five Sax at the Movies et son registre hétéroclite allant de Bach à Haendel en passant par les plus belles bandes originales de films (Mission, Harry Potter, les compositions de Nino Rota). Au sein du Five Sax at the Movies fait partie Alvaro Collao Leon, un virtuose chilien qui va montrer l’étendue de son talent et de son énergie communicative tout au long du festival.
Le lendemain, les voix féminines a cappella de l’ensemble vocal Mangata ont proposé un éventail de titres, des œuvres sacrées aux chants populaires, sous la direction du fondateur de l’ensemble, Hernán Alcalá, et Elisa Humanes aux percussions.

Le 9 juillet, la harpiste américaine Lisa Tannebaum, dont la grâce s’accorde à l’élégance de son instrument, a offert un concert aux côtés du flûtiste Julien Beaudiment, 1ère flûte solo à l’orchestre de la BBC puis de l’Orchestre de l’Opéra National de Lyon, mais aussi du Quatuor Pelleas, qui a remporté le Prix d’Honneur en Musique de Chambre et le Prix du Public du Concours International Léopold Bellan cette année, et de la pianiste France Desneulin, accompagnatrice officielle de l’Académie.

Le lendemain, Ravel, Tchaïkovski et Rachmaninov étaient au menu d’une soirée au cours de laquelle se sont succédés sur scène le violoniste allemand Nicolas Koeckert, qui se produit dans les plus grands orchestres du monde, la pianiste Aoko Soga, accompagnatrice officielle du Concours Bellan et de l’Ecole Normale de Musique de Paris ainsi que la violoncelliste Olivia Gay, qui vient de sortir son premier album Horizon «(s) ».

Le 11 juillet, à la Pointe aux Chevaux, le piano, le violoncelle et la trompette étaient à l’honneur avec le pianiste Thierry Maillard, qui nous a gratifié des arrangements jazzy des chansons de Brel, Ferré et Brassens, de Olivia Gay, de Vladislav Lavrik, sacré meilleur musicien russe en 2016, et de Eric Artz dont le piano voyage dans le monde entier même si sur ce festival il a également filmé la plupart des concerts. De Piazzolla à Popper en passant par Fauré et Gershwin, dont le fameux Rhapsody in Blue a été magnifiquement interprété par Eric Artz, cette soirée était dans la lignée du festival, tout simplement merveilleuse.
Le lendemain, des interprètes féminines ont donné de la voix sans déroger à la règle chevillée au corps au festival, celle de l’éclectisme des genres. Marie-Andrée Bouchard-Lesieur et Alexandra Marcellier ont ouvert le bal. Elèves de la classe de la soprano américaine Claudia Visca, professeur de chant à Vienne, jury au sein des plus grands concours internationaux et présente pour la première fois au festival, les deux divas à la voix d’or ont interprété des airs familiers aux amateurs de chant lyrique. Claudia Visca était particulièrement émue du talent de ces deux sopranos promises à un grand avenir. Dans la seconde partie, dans un autre style, les quatre membres du Glorius Vocal Quartet ont démontré que la voix raconte, murmure, chante ou fait les percussions à partir du moment où elle est le trait d’union d’un collectif.
Le dernier jour du festival a réservé un moment inédit, celui de permettre à des pianistes de se produire sur la plage des Américains, l’un des plus beaux sites du Cap Ferret avec la mer et les bateaux à quelques mètres. Les aficionados de cinéma ont reconnu dès les premières notes les musiques de quelques grands films (Le Parrain, Les Choristes, Un homme et une femme…) jouées avec complicité par Franck Ciup et Laurent Ferlet, venus spécialement d’Avignon, des airs entrecoupés d’anecdotes.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin et le festival s’est clôturé par un gala réunissant tous les artistes de cette 8ème édition. On peut retenir, entre autres, l’éblouissante prestation de la classe de percussions du batteur de jazz Laurent Bataille et notamment les mesures de Sir Duke de Stevie Wonder, hommage à Duke Ellington. Cette soirée sans fausses notes était l’apothéose d’une semaine riche de concerts exceptionnels comme autant de rencontres de cultures et d’inspirations, de générations de passionnés fidèles à leurs instruments et à cette mère porteuse exigeante et attachante qu’est la musique.
Le Cap Ferret Music Festival a également offert l’opportunité aux pépites, lauréats des plus grands concours internationaux, de se produire en public lors des concerts « Jeunes Talents » et révélations, sous la bienveillance de la lumière de la chapelle de l’Herbe, de style néo-mauresque, et ornée de céramiques aux motifs géométriques. Comment ne pas être conquis par la virtuosité de ces jeunes solistes à l’instar de Julia Chojnacka qui, à seulement onze ans, maîtrise le violon à la perfection.
Enfin, le Cap Ferret Music Festival a également été l’occasion de transmettre la passion de la musique au public. Flûte traversière, piano, chant, violon, saxophone, harpe … Les interprètes des grands concerts ont parlé de leurs instruments et de leurs disciplines même si pour bon nombre d’entre eux, professeurs dans des universités ou des académies, la pédagogie avait un goût d’habitude. Dans la même veine, des ateliers publics ont également été organisés, par Thierry Maillard pour une découverte improvisation autour du piano et par Lisa Tannebaum sur la harpe. Le 10 juillet, Laurent Bataille et Elisa Humanes ont également donné de leur temps pour un concert participatif.
Vivement la prochaine édition du Cap Ferret Music Festival !
Visuels: © Laurent Wangermez