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4e Concours international de chefs d’orchestre Evgeny Svetlanov : Première épreuve

4e Concours international de chefs d’orchestre Evgeny Svetlanov : Première épreuve

07 September 2018 | PAR Victoria Okada

Le quatrième édition du Concours international de chefs d’orchestre Evgeny Svetlanov se tient du 4 au 8 septembre à Paris. Les 4 et 6septembre dernier, les 18 candidats venus de 14 pays, sélectionnés parmi les 350 dossiers reçus de 37 pays, ont participé à la première épreuve éliminatoire à l’auditorium de Radio France. L’Orchestre Philharmonique de Radio France se prête au jeu tout au long du Concours.

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Le Concours international pour jeunes chefs qui s’est rapidement imposé

Le Concours, portant le nom du grand chef russe Evgeny Svetlanov (1928-2002), voit le jour selon sa volonté. En effet, il avait inscrit dans son testament le souhait de la création d’un concours qui porterait son nom. La première édition s’est déroulée à Luxembourg en 2007, puis en 2010 à Montpellier. En 2014, la Maison de la Radio France accueille le troisième concours au studio 104, et de nouveau cette année pour sa quatrième édition, à l’Auditorium. Parmi les lauréats du passé, quelques noms sont devenus particulièrement familiers au public français : Roberto Fores Veses (troisième prix en 2007), Andris Poga (premier prix en 2010), Roberto Trevino (lauréat 2010), Lio Kuokman (2e prix et le prix du public en 2014). Des cheffes qui ont passé par ce concours commencent également à émerger, notamment Debora Waldman et Marzena Diakun (Les 16 et 17 octobre prochain celle-ci dirigera l’Orchestre de Chambre de Paris et la Maîtrise de Notre-Dame de Paris à la Cathédrale de Notre-Dame de Paris, à 20h30).


La Première épreuve éliminatoire

La première épreuve du Concours 2018 consiste, pour les candidats, à montrer comment ils mettent en place une œuvre en 20 minutes, en l’occurrence une ouverture de Beethoven au choix : Coriolan, Egmont ou Leonore n° 3.
Le premier jour au matin, les conditions ne sont pas propices : l’atmosphère du concours n’est pas encore installée, l’orchestre froid. Ce n’est donc pas facile pour le premier candidat à passer l’épreuve, le Français Antoine Glatard, pourtant lauréat de plusieurs concours internationaux, notamment Concours Internationaul de chefs d’opéra en août 2017 à Lièges. Cinq autres candidats se succèdent dans la matinée, où deux d’entre eux se font démarquer : le Turque Murat Cem Orhan et l’Allemand Harish Shankar. Orhan a des gestuels et des battus nets et intelligibles, attentif à de nombreux détails. Shankar est un passionné et utilise le corps entier pour s’exprimer. Il forge sa propre sonorité, notamment en faisant répéter certaines pupitres seules. On voit ainsi qu’il a une image précise de l’œuvre qu’il réussit à appliquer. Ces trois jeunes chefs choisissent Egmont, œuvre ayant d’ailleurs le plus de cote puisque sept autres candidats le dirigent.
Dans l’après-midi, un autre Français, Jordan Gudefin (finaliste au Concours de Besançon en 2017, chef assistant à l’Opéra-Comique pour Timbre d’argent de Saint-Saëns auprès de François-Xavier Roth), réalise une prestation remarquée, en captant l’attention des musiciens qui paraissent à l’aise avec lui. Le Finlandais Joonas Pitkänen n’a pas besoin de beaucoup d’explications pour faire comprendre ce qu’il veut obtenir de l’orchestre, ses mouvements de bras étant éloquents. Erina Yashima, Japonaise née et grandi en Allemagne, s’impose rapidement grâce à sa vision et ses gestes remplis de conviction.
Le deuxième jour, le 5 septembre, l’ambiance est tout autre que la veille. Tout est plus détendu et plus chaleureux dans la salle, les musiciens d’orchestre semblent plus disponibles. Dès le début, le Guatémaltèque Bruno Campo, qui s’est investit dans le développement d’El Sistema Guatemala et a co-fondé El Systema Europe Youth Orchestra, montre la richesse de ses expériences, en  transmettant son énergie à travers Coriolan. L’Azebaïdjanais Fuad Ibrahimov forge l’orchestre à sa guise, en indiquant des détails bien précis à chaque pupitre. Il commence Egmont par la fin, ce qui fait transparaître son idée mûries selon laquelle il établit son plan de répétition. Il a un charisme qui aide à capter d’emblée l’attention des musiciens. Wilson Ng, qui vient de Hong Kong, a également un grand charisme. Cosmopolite, il mène la répétition en français belge ou suisse, mêlé une partie d’allemand et d’anglais, en choisissant Leonore 3. Il est à l’aise avec l’orchestre et prononce souvent « Bravo ! ». Cette aisance vient certainement d’une carrière déjà bien lancée (c’est aussi le cas pour les autres candidats) : il a été assistant de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg lors d’un enregistrement des Troyens de Berlioz en avril 2017 (paru chez Warner).

Les prestations des 18 candidats terminés, la différence dans leurs expériences et dans leurs styles laissent difficile le choix des 8 candidats pour la deuxième épreuves — comme dans tous les concours, d’ailleurs. Le jury privilégiera-t-il les plus expérimentés, ou bien des jeunes talents dont le bourgeon n’est pas encore complètement sorti de la terre, laissant beaucoup de marge de progression ? Le résultat est tombé dans l’après-midi du 5 septembre :

1. Bruno Campo – Guatemala, 36 ans
2. Harish Shankar – Allemagne, 34 ans
3. Fuad Ibrahimov – Azerbaïdjan, 36 ans
4. Wilson Ng – Hong Kong, 29 ans
5. Anna Rakitina – Russie, 29 ans
6. Haoran Li – Chine, 32 ans
7. Dmitry Filatov – Russie, 39 ans
8. Murat Cem Orhan – Turquie, 37 ans

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La deuxième épreuve du 7 septembre ainsi que l’épreuve finale publique du 8 septembre seront diffusées en direct, en audio sur francemusique.com et en vidéo sur medici.tv.

Détails du Concours sur le site du Concours

Photo de gauche à droite : Haoran Li, Fuad Ibrahimov, Harish Shankar, Anna Rakitina, Bruno Campo, Murat Cem Orhan, Wilson Ng, Dmitry Filatov © Concours international Evgeny Svetlanov

Infos pratiques

Grand Marché Stalingrad
Théâtre 13 / Jardin
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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

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