
La Vie de Galilée, Bertolt Brecht : la mise en scène d’Eric Ruf triomphe à nouveau au Français !
Basé sur la vie du célèbre astronome et mathématicien italien Galilée, ce texte parle d’exil, de recherches, d’invention, de compromission et de renoncement mais surtout dresse le portrait d’un homme navigant sans cesse entre l’obscurantisme et la lumière. Brecht lui-même avait été placé dans une situation historiquement comparable à ce qu’avait vécu Galilée : l’Allemagne nazi qu’il fuit dès 1933 imposait sa vérité officielle et faisait plier tous ses contradicteurs : artistes, écrivains, scientifiques, intellectuels, journalistes, hommes politiques. Le célèbre dramaturge allemand fût également interrogé par la commission maccarthyste, puis, surveillé par la Stasi ( police de l’Allemagne de l’Est) dès son installation en RDA (1949). Nul doute que le parallèle entre la vie de Galilée et celle de l’auteur s’impose. Au 17e siècle, l’Église catholique pressent que si la Terre n’est plus le centre du monde, c’est tout son système de représentation qui va être mis à mal. En effet, l’étape suivante consistera à dire que l’Homme n’est pas le centre de la Création, que l’Homme est un animal comme un autre.

De 1609 et 1642, la pièce suit Galilée, en quête de reconnaissance financière, voyage, enseigne et étudie de Padoue à la cour des Médicis, ou chez les puissants mécènes de Florence. La chute de l’astronome mathématicien se produira à Rome, où défenseur de la théorie copernicienne, traqué par le Saint-Office et menacé de torture par l’Inquisition, il abjurera ses travaux de recherches et ses découvertes. Placé sous la surveillance de l’église, le savant finira ses jours, aveugle dans une maison de campagne en parvenant, cependant, à écrire en cachette un texte décisif pour les sciences physiques. Ce texte sera son testament. À travers ce texte dramatique, Bertolt Brecht raconte le combat entre la science et le pouvoir théocratique. En défendant la théorie héliocentrique de Copernic contre le géocentrisme prôné par l’Église, c’est-à-dire en affirmant que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil, et non l’inverse, Galilée s’attire les foudres des autorités religieuses et d’une partie de la communauté scientifique. Sous la menace de la torture et du bûcher, il finit par se rétracter publiquement, pour rester en conformité avec la doctrine officielle de l’Église et par « peur de souffrir, de brûler sur le bûcher ».

On salue le travail de la troupe du Français, comédiens mais également chanteurs, mimes et danseurs, tous plus fascinants les uns que les autres dans leurs interprétations respectives réglées au millimètre. De Hervé Pierre à Elise Lhomeau, de Laurent Stocker à Guillaume Gallienne à Jérôme Pouly en passant par Bakary Sangaré (excellent) et Pierre Louis-Calixte (qui endosse 5 rôles !), tous apportent aux dialogues verve, sensualité, et émotion. Avec ce décors constitué de grandes toiles qui reprennent les tableaux religieux des peintres de la Renaissance Italienne comme Fra Angelico ou Raphaël, ces costumes magnifiques signés Christian Lacroix, Eric Ruf signe là une mise en scène sobre et très efficace. Dépêchez vous de réserver.
Jean-Christophe Mary
La Vie de Galilée, Bertolt Brecht
Jusqu’au 04 décembre 2022.
Durée 2h40 avec entracte.
Mise en scène et scénographie : Éric Ruf
Costumes : Christian Lacroix
Lumière : Bertrand Couderc
Musique originale : Vincent Leterme
Son : Colombine Jacquemont
Travail chorégraphique : Glysleïn Lefever
Collaboration artistique : Léonidas Strapatsakis
Assistanat à la mise en scène : Alison Hornus
Assistanat à la scénographie : Julie Camus
Assistanat aux costumes : Jean Philippe Pons
Assistanat à la lumière : Lila Meynard
Avec la troupe de la Comédie-Française :
Thierry Hancisse, Alain Lenglet , Clotilde de Bayser, Jérôme Pouly Laurent Stocker, Guillaume Gallienne, Loïc Corbery, Serge Bagdassarian, Bakary Sangaré, Pierre Louis-Calixte, Nicolas Lormeau, Gilles David, Jean Chevalier, Élise Lhomeau*, Birane Ba*, Nicolas Chupin, Marie Oppert, Adrien Simion, Hervé Pierre