
« Les larmes du Reich » de François Médéline : « Et tu choisiras la vie »
François Médéline est un auteur lyonnais de polars et un scénariste. Dans Les larmes du Reich, le suspens n’a égal que la mise en lumière de faits méconnus d’une période nauséabonde de notre histoire.
Le style
Médéline, c’est d’abord un style. Des phrases courtes (un sujet, un verbe et un complément), incisives et jamais superflues. « L’accent russe est comme l’allemand : Il suffit de lui ajouter de l’amour et du chagrin ».
L’auteur se réclame de James Ellroy, de cette tradition policière américaine. On pourrait aussi citer Chase ou Chandler, mais les dialogues dans Les larmes du Reich sont moins présents.
En réalité, il y a surtout du Duras, dans la syntaxe et dans la musique des mots. Ici, les silences parlent des absences.
L’intrigue
Les Larmes du Reich, c’est aussi une formidable intrigue, celle qui surprend le lecteur au point de le déstabiliser. On en vient alors à regretter la lecture de la quatrième de couverture. Car, si celle-ci apporte peu d’informations, c’est encore trop.
La déportation des Juifs a déjà été traitée dans les polars, les familles d’accueil et les vengeances aussi. Mais pas de cette façon. François Médéline nous balade dans son livre, il est là où on ne l’attend pas.
L’issue des Larmes du Reich n’est pas morale, loin s’en faut. Certes, elle n’est pas légale mais elle est légitime. Et, c’est une réjouissance.
A sa création en 1962, le polar n’était pas le cœur de métier des éditions 10/18. En 1983, elles se sont pourtant ouvertes à la littérature noire, avec des auteurs comme Ellis Peters dans la collection policière Grands Détectives. Sans renier la qualité de sa ligne éditoriale, 10/18 publie de nouveaux auteurs de qualité. François Médéline en est un digne exemple avec Les larmes du Reich.
Les larmes du Reich de François Médéline. Éditions 10/18, 196 pages, 14,90 €, 2022.