
« Le mal en personne » de Jorn Lier HORST : l’Autre mâle
Jorn Lier Horst, ancien inspecteur de police et écrivain norvégien, nous invite dans le pays du mal.
Tom Kerr purge sa peine pour des faits de viols et de torture. Lors d’une reconstitution, il réussit à s’échapper, avec sans doute l’aide d’un complice. L’Autre, le mentor, le mal en personne.
Horst sait, par expérience professionnelle, que l’horreur est sans limites. « La cruauté, c’est l’obscurité intérieure. Un besoin impérieux d’infliger des souffrances à autrui ». Puis, plus avant dans le polar, l’auteur affine sa réflexion : « L’abus de pouvoir, l’oppression et la domination d’autrui constituaient un terrain fertile pour la cruauté, tout comme l’obéissance aveugle et la fidélité imperturbable à des règles coercitives pouvaient transformer des démocraties pacifiques en dictatures fascistes ».
Ainsi, le décor est planté : un sentiment d’oppression, d’angoisse, porté par un style efficace, accompagne le lecteur. Le mal en personne est partout, et nulle part, à la fois, c’est la raison pour laquelle on s’attendrait une intrigue plus fournie. Par exemple, des nouveaux assassinats, un regain de perversion mais rien ne vient.
Jorn Lier Horst aurait pu nous proposer des chapitres « écrit » par l’Autre. Nous aurions aimé connaître la psychopathologie de ce malade, ses modes de fonctionnement et ses fantasmes. Ces éléments auraient donné du corps à ce texte à l’efficacité diluée.
La fin de Le mal en personne est digne d’un thriller de qualité. Mais, les bons sentiments ne font pas toujours les bons romans. Dommage.
Le mal en personne de Jorn Lier HORST. Éditions série noire Gallimard, 2023, 410 pages, 20€.