Le Club de Leonard Michaels, petites confidences entre hommes
Après Sylvia et Conteurs, Menteurs de Leonard Michaels, les éditions Christian Bourgeois publient la traduction française de The Men’s Club, un roman brillant et désenchanté sur les femmes… et les hommes. Paru en novembre 2010.
Sylvia, saisissant petit roman, racontait l’amour violent, sans issue, entre Leonard Michaels et sa jeune épouse, exaltée et déséquilibrée. Un beau roman, éprouvant et singulièrement triste. Des deux romans de Michaels, Le Club est le plus connu. Un groupe d’hommes, qui se connaissent plus ou moins, décide de passer, de temps à autre, une soirée à raconter leurs expériences avec les femmes. Lors de sa parution, dans les années 80, on a ainsi pu y voir l’émergence d’un esprit typiquement masculin, tout imprégné de misogynie.
Mais, si Le Club décrit effectivement une réunion d’hommes, bourgeois, installés, échangeant des confidences intimes, graveleuses ou étranges sur les femmes de leur vie, ce n’est pas une humeur misogyne qui guide ici Leonard Michaels. Y a-t-il seulement satire ? Tout aussi cruel envers les hommes qu’envers les femmes, ce court roman montre simplement la solitude quotidienne d’individus qui tentent, en une soirée, de créer une certaine complicité masculine. Le récit se déroule en temps réel, les histoires s’enchaînant, se répondant, au rythme naturel d’une conversation arrosée. Sempiternels adultères ou épisodes plus incongrus, les confidences résonnent avec une force particulière dans ce salon bourgeois, où chacun semble attendre des autres quelque chose : un élan de solidarité, la reconnaissance d’émotions ou de rêves partagés, ou bien la confirmation que le mariage était bien le seul choix envisageable… Dans cette galerie d’hommes (pas si interchangeables que cela), certains sont plus nostalgiques, d’autres plus enjoués. Quand ils ne sont pas complètement résignés ! Des voix dans la nuit, provocatrices et terriblement vivantes. A lire !
“Le Club“, de Leonard Michaels (1978), Christian Bourgeois, 2010 pour la traduction française, 165 pages, 13 euros.
« Les femmes voulaient parler de colère, d’identité, de politique… Des affiches placardées sur les murs de Berkeley les incitaient à s’affilier à des groupes. Leurs présidentes passaient à la télévision. Des visages énergiques, directs. Aussi, quand Cavanaugh me téléphona pour me proposer de rejoindre un club où il n’y aurait que des hommes, j’éclatai de rire. » (incipit)