
La discothèque idéale – l’art du disque, Fnac le vinyle.
Une tradition du guide éclairé remis au goût du jour par la Fnac à la faveur du retour du vinyle.
Voilà qui nous rappelle bien des souvenirs : ces belles années 90 durant lesquelles la Fnac produisait de petits guides raisonnés des grands courants musicaux de la pop culture. On y trouvait des schémas qui faisaient des liens parfois inattendus entre les albums, racontés par des journalistes passionnés tels Arnaud Viviant alors au mieux de sa forme. A l’époque, il s’agissait surtout de vendre des CD.
Des disques sans platine. Presque 30 ans plus tard, la Fnac remet le couvert avec ce guide, profitant de ce qu’elle appelle le retour fracassant du vinyle, occasion de joindre l’utile et l’agréable et de présenter une collection enrichie de 500 titres, à la fois de grands classiques et des tirages récents qui complètent et nourrissent une sorte de nouvelle collection de l’amateur du XXIème siècle. On pourrait longuement discuter de tout cela, surtout lorsque l’on sait que les acheteurs sont un certain nombre à ne pas les écouter, voire à ne pas posséder de platine ! (enquête BBC, ICM Unlimited 2016)
Un bon prix. Quant à savoir si la Fnac a anticipé une nouvelle tendance d’achat, il faut peut-être en parler avec les petits disquaires qui se trouvent en effet dans l’incapacité de vendre une réédition à 10 ou 15 euros. Mais soyons juste : le consommateur est, lui, bien content d’acheter des disques à moins de 15 euros (en gros au même prix que dans les années 80). Encore faut-il que les pressages soient de qualité, ce qui n’est pas toujours le cas (mais on pourrait dire la même chose de l’offre des disquaires indépendants).
Moins de dates. C’est autre chose qui donne le vertige … le classement de ce guide qui mélange « classique » et « nouveautés » et place sur le même pied d’égalité de grandes œuvres avec des disques mineurs (Django Django entre Nick Drake et Elvis Costello, FKA Twigs à côté du premier Strokes). Idem pour le choix de l’opus : tout va dépendre de sa disponibilité vinyle et pas vraiment de son importance dans l’histoire de la musique (« Animal » de Fakear vs « You’ve come a long way baby « de Fatboy Slim). Notons enfin que les chroniques ne se sont pas de qualité égale et que les dates de sortie ne sont pas systématiquement mentionnées.
Notre siècle. Mais il n’y a pas vraiment à s’étonner. Un guide musical du XXIème siècle ne peut ressembler à ce qui se faisait au siècle précédent (on pense au magnifique guide Akaï). Moins de temporalité, moins de verticalité sur l’échelle du jugement esthétique puisque forcément un disque n’a plus l’ambition de représenter une œuvre et ne peut -au mieux- que briller par ses quelques tracks préalablement sorties en EP et jouées dans les grosses playlists qui orientent les tendances d’achat. Car voilà longtemps que le streaming nous a ramené à l’âge du 45 tours qui, pour l’instant, ne fait pas l’objet d’une telle attention vinylique… A suivre.