
“Que reviennent ceux qui sont loin” par Pierre Adrian : le goût salé et amer de l’été
Pierre Adrian passe à la mythique collection blanche de chez Gallimard pour un nouveau roman aux échos de madeleine bretonne, avec des relents de sel, d’initiation et un brin d’amertume pour assaisonner la nostalgie. À lire pas trop tard après les grandes vacances…
Retour au pays
Un jeune homme revient dans la maison familiale de Bretagne où une cousinade est prévue. Il y retrouve ses amis de plages d’enfance. C’est voluptueux, c’est l’été, août est tout puissant et, de par son âge, il est un peu la courroie de transmission entre les générations. Il découvre même un petit cousin vraiment sympathique, Jean. Et il s’évade aussi avec sa bande d’amis ou dès qu’il observe de tous ses yeux la belle Anne, déjà très bronzé et d’un sex-appeal nonchalant à souhait…
Nostalgie et perte d’innocence
Remarqué avec un premier livre dédié à Pasoloni aux éditions des Équateurs, Pierre Adrian revisite la Bretagne avec une pointe de dandysme et beaucoup de nostalgie. Le héros a beau être jeune, c’est déjà un personnage de roman du début du 20e siècle à la Proust ou à la Thomas Mann qui se regarde vivre et ressentir. La répétition pour un être qui a changé (et qui est en plein changement) est troublante, et pourtant, rien n’est déjà pareil et rien ne le sera plus quand le tonnerre qui gronde aura éclaté. Que reviennent ceux qui sont loin donne une impression de voyage lointain, où le temps (ou peut-être plutôt la durée) est une donnée si majeure qu’il devient le véritable héros du roman. En ce sens, la syncope finale est brave et aussi un peu surprenante… À vous de découvrir l’amertume dès le 18 août…
Pierre Adrian, Que reviennent ceux qui sont loin, Gallimard, 192 p., sortie le 18/08/2022, 20 euros.
Visuel (c) couverture du livre