
“Les fenêtres” : de la Guerre au Solidarnosc par Hanna Krall
Après Les vies de Maria sur son enfance cachée, les éditions Noir sur Blanc publient le nouveau texte de la journaliste polonaise Hanna Krall : Les fenêtres.
Les fenêtres commence à la fin du régime communiste en Pologne au moment de l’assassinat de l’étudiant Grzegorz Przemyk par la milice, crime resté impuni, le tribunal ayant condamné les ambulanciers… Celina, photographe d’une société et d’une humanité dans l’attente, assiste au procès avec la nausée. Alors qu’elle approche de la cinquantaine, elle vient de découvrir une grossesse qui se trouve concomitante à celle de sa fille. Les sessions du procès rappellent à Celina son passé lointain : celui où Paula, juive mystérieuse et maîtresse en survie, s’était cachée dans son appartement pendant la Seconde Guerre mondiale. Après le départ de Paula, Celina a fait sa vie avec Janusz, l’amoureux de celle-ci.
Commençant par une notice très éclairante de sa traductrice, Margot Carlier, Les fenêtres expose ses personnages comme dans une pièce de théâtre. Hanna Krall joue sur les divers registres des temps et sur la toute-puissance de l’auteur pour proposer un texte à la fois très « mittleeuropéen » (on pense aux Braises de Sandor Marai, on pense aussi à Kundera) mais également joueur des codes du roman, comme on le faisait beaucoup à la fin du siècle dernier. Cette distance du jeu entre auteur et personnage apporte rythme et légèreté à un texte où la journaliste, qui a recueilli le témoignage du dernier dirigeant du soulèvement du ghetto de Varsovie Marek Edelman (Prendre le bon Dieu de vitesse, Gallimard, 1977), poursuit son travail pointilliste de description des juifs en Pologne après la Seconde Guerre mondiale.
Hanna Krall, Les fenêtres, trad. Margot Carlier, Editions Noir sur Blanc, 160 p., 18 euros. Sortie le 01/04/2021.
Visuel : couverture du livre