
“Crimes et Condiments” de Frédéric Lenormand, Voltaire sans matière grasse
A l’heure où beaucoup rivalisent d’audace dans la construction d’un piédestal à François-Marie Arouet, Frédéric Lenormand nous offre un Voltaire dépeint sous les traits d’un petit vieux “LouisDeFunesien”. Brillant, certes, mais également près de ses sous, manipulateur, hypocondriaque et imbu de son esprit.
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Le style, doucement ironique, ajoute à la légèreté d’une œuvre où l’on suit le philosophe des lumières essayant d’échapper simultanément à la censure, à la ruine, à la crise de foi(e) et à des assassins tenaces. Le récit est ponctué de petites enquêtes où Voltaire montre à la fois sa force de déduction et son instinct de conservation qu’il s’agisse de sauver sa rente ou sa peau.
Tout au long du livre on assiste également à une bataille féroce entre les tenants de l’ancienne cuisine, riche et indigeste, à ceux de la nouvelle, légère et inventive, dont Voltaire et son génial cuisinier Hyppolite Marmiton, sont les chefs de file. L’auteur en profite pour insérer de savoureuses descriptions des dîners du beau monde au XVIIIe siècle.
« Crimes et condiment », léger et acidulé, ne vous restera pas sur l’estomac. On aurait peut-être apprécié des personnages plus consistants et une intrigue mieux liée. Mais enfin, comme pour le « pigeon à la Lixen », c’est une affaire de goût.
Frédéric Lenormand, Crimes et Condiments, Le Masque, 350 p., Février 2015, 7,50 €.
© visuel: couverture du livre