
« Ah ça ira » de Denis Lachaud : utopie d’anticipation
Roman d’anticipation explorant comment un système devenu insupportable pourrait être amené à changer dans un avenir proche (2037), « Ah ça ira » est un exercice globalement réussi, s’appuyant sur des personnages forts et un futur crédible.
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Pour avoir poussé son engagement politique jusqu’à commettre l’irréparable, Antoine se retrouve derrière les barreaux pour vingt ans A sa sortie, il doit reconstruire sa vie, découvrir une fille qu’il a quittée enfant, s’adapter aux réalités nouvelles de la société et découvrir les nouvelles formes de protestations qui ont émergé.
Autour de personnages bien campés, Denis Lachaud manie habilement les points de vue pour dérouler une histoire riche mais claire. En tirant sur les tendances actuelles et usant des libertés que la littérature autorise l’auteur propose un 2037 a tout à fait réaliste (et peu reluisant), voire probable.
Le récit offre aussi l’occasion de s’interroger sur les modes d’actions révolutionnaires et comment une minorité agissante peut entraîner la majorité pour ébranler un système qui a continué de glisser vers l’intolérable. L’auteur inscrit avec succès ces questionnements dans une réalité technologique et communicationnelle anticipée sans excès.
On regrettera peut-être un peu trop de linéarité dans l’enchaînement des évènements sur la fin du livre, et quelques ficelles un peu grosses sur le parallèle avec la révolution de 1789.
Au final, heureusement, ces détails n’enlèvent pas grand-chose à la qualité globale du livre.
Denis Lachaud, Ah ça ira, Actes Sud, Août 2015, 432 pages, 21, 80€
© visuel: couverture du livre