
“Servitudes virtuelles”, de Jean-Gabriel Ganascia
Spécialiste de l’intelligence artificielle, professeur à la Sorbonne et ancien Président du Comité d’éthique du CNRS, Jean-Gabriel Ganascia propose une somme de réflexions sur nos “Servitudes virtuelles” aux éditions du Seuil.
“Online” et “Offlife”?
C’est en suivant les points cardinaux d’une boussole bien utile pour notre temps que Jean-Gabriel Ganascia se propose de cartographier nos vies envahies par le virtuel : au Nord le “Online”, au Sud le “Offline”, à l’est le “Onlife”, à l’ouest, le “Offlife”. Et dans son petit guide de repérage, le “hors vie” est lié à une “approbation sans limites de la vie en ligne” (p. 35). Quelle est donc cette vie que la nôtre dans un temps où l’on enferre notre temps de cerveau disponible, où l’on télécharge la conscience et l’on se rêve transhumains et où nous devenons tous liquides ? Jean-Gabriel Ganascia suit les quatre points cardinaux de sa rose des vents avant d’aborder les notions de la justice, de la transparence et d’évoquer la question de la “non-servitude” encore possible…
Un guide de sensibilité littéraire pour penser les transformations numériques
Après le Mythe de la singularité (Seuil, 2017), Jean-Gabriel Ganascia résume, avec une intelligence tout humaine, les grands enjeux que la transformation numérique de nos vies soulèvent en termes de liberté et d’indépendance. Richement référencé (on y retrouve Marx, Kundera, Borges aussi bien que des études scientifiques actuelles), un brin mutin par moments et volontiers également dans la référence aux textes passés – y compris littéraires – de l’auteur, ce petit guide concentré est une bonne introduction aux défis qui se posent à nous. Et qui n’oublie jamais de puiser des ressources de compréhension du côté de la fiction.
Jean-Gabriel Ganascia, Servitudes virtuelles, Seuil, 280 p., 21 euros. Sortie le 4 mars 2022.
Visuel : couverture du livre