
Femmes et politique dans la Rome antique : une association qui fait des remous
Agrippine : sexe, crimes et pouvoir dans la Rome impériale : voilà un titre qui donne envie de prendre un livre dans ses mains (si ce n’est pas le cas, on ne peut pas grand-chose pour vous). Pour son nouvel ouvrage, l’historienne Virginie Girod donne le ton d’emblée et choisit bien ses mots pour attiser la curiosité du lecteur. Si tout le monde ne connaît pas Agrippine, force est de reconnaître que le trinôme « sexe », « crimes » et « pouvoir » “agrippe” l’attention.
Prendre un livre dans ses mains c’est bien, tourner les pages c’est mieux. Et si on tourne les pages d’Agrippine c’est encore mieux, car on redécouvre une forme de récit historique que trop d’universitaires semblent avoir abandonnée. Documentée et convaincante, l’écriture de Virginie Girod épouse un style mouvementé et captivant qui donne une tonalité quasi-romanesque à l’évocation de l’impératrice Agrippine. Calculatrice, manipulatrice, sans scrupules…les adjectifs foisonnent pour qualifier cette femme qui enfanta le redoutable Néron et parvint à se hisser à la fonction suprême d’impératrice en dépit de sa condition de femme. L’ouvrage brosse un tableau politique sombre et taché de sang (le rouge et le noir sont seyants), où criminalité et sensualité font corps ensemble pour servir…le pouvoir ou la première véritable émancipation féminine de l’Histoire ?
C’est ainsi que Virginie Girod montre une fois de plus qu’elle tient le pari d’une synthèse réussie entre historicité et narration. On se laisse guider avec grand plaisir par sa plume, instructive et passionnante tout à la fois. Agrippine, what else ?
Roméo Fratti
Virginie Girod, Agrippine : Sexe, crimes et pouvoir dans la Rome impériale, Éd. Tallandier, 304 p., 20,90€. Parution : 15 mai 2015.