
« A tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient », un état du PS par Laurent Mauduit
Laurent Mauduit cofondateur de MEDIAPART et journaliste publie un ouvrage sur le déni du pouvoir socialiste.
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UNE ETRANGE CAPITULATION
Dans l’histoire de la gauche française, c’est peu dire qu’il ya eu des pages peu glorieuses : promesses bafouées, reniement et trahison, et qu’après la fête, les réformes annoncées ont souvent été écornées.
Après l’espoir du changement » la rigueur » ou la « pause ».
Jamais un candidat n’avait ainsi caché la véritable politique qu’il entendait conduire.
LES GREVES DE LA JOIE
Tous les dirigeants socialistes au pouvoir (Léon Blum, Mitterrand, Jospin), ont au début de leur mandat, mis en œuvre des politiques progressives.
En 1936, les « grèves de la joie » (Simone WEIL 1909-1943) ont bien entendu obligé le front populaire à faire des réformes.
Mais il y a eu des avancés, comme les congés payés entre autre.
Hollande n’ a rien fait.
« Pour le plus grand mal des intérêts communs «, cette phrase semble pour l’auteur résumer François Hollande.
L’auteur rappelle que jadis, le ministère des finances s’appuyait pour ses analyses sur des hauts fonctionnaires de droite et de gauche (même PCF avec Anicet le Pors) et comme Rocard.
Mais maintenant, seul l’ENA compte, avec le succès que l’on sait.
LE BALLADURIEN
Laurent Mauduit rappelle les affaires Cahuzac et Aquilino Morelle.
Il indique que dans le sérail politique « Aquilino Morelle » était affublé du surnom de « balladurien », en référence à la caricature célèbre de Balladur, par Plantu, en « marquis dans une chaise à porteur ».
Selon lui tout le monde connaissait, ses turpitudes.
Il nous indique que Mitterrand voulait dès 1988, faire rentrer « Tapie » dans le gouvernement socialiste, et que Rocard a refusé (il a dit « Je ne veux pas d’un Stavisky dans mon gouvernement).
LA GENERATION MNEF AU POUVOIR
Hollande a promu avec force et vigueur l’ENA et les ministres caméléon (un coup à droite, et un coup à gauche, comme Jouyet et Macron).
Mais il a aussi fait accéder au pouvoir les protagonistes du scandale de la MNEF des années 1990(affaire d’emploi fictif et d’enrichissement personnel), c’est-à-dire Harlem Désir, Cambadelis, Jean- Marie le Guen (qui serait selon l’auteur un ancien du gud), et Julien Dray et Laurence Rossignol (secrétaire d’état de la famille).
La MNEF avait été prise d’assaut dans les années 1970, par le courant trotskyste Lambertiste (OCI extrême gauche).
Laurent Mauduit révèle également que Jean- Christophe Cambadelis aurait bénéficié de complicité pour soutenir une thèse en sociologie à l’université de Paris VII.
Cambadelis n’aurait ni licence, ni maîtrise, ni DEA pour s’inscrire en thèse, et qu’il aurait bénéficié de la mansuétude de Pierre Fougeyrollas un sociologue de gauche.
En Allemagne, un membre du gouvernement a dû démissionner car il prétendait avoir un diplôme qu’il ne possédait pas, mais pas en France.
D’après Laurent Mauduit, cette « génération mnef » serait aussi intervenue dans l’affaire des six frégates de Taiwan, qui a défrayé la chronique.
ETUDIANT EN COMPLET CRAVATE
Laurent Mauduit évoque également l’ascension de Manuel Valls.
Son parcours universitaire à l’université de Paris 1 est aussi surprenant, qu’étrange.
Il décide de faire du droit et bifurque ensuite vers l’histoire, et semble s’être arrêté en licence.
Dès cette époque, il (Valls) donnait l’impression d’être un professionnel de la politique (toujours en costume cravate avec une mallette), et ne semblait pas étouffé par l’idéologie.
Il n’allait jamais ni en cours, ni en td.
Michel Rocard a cherché à écarter Valls de son équipe.
Et le premier ministre Jospin n’a pris dans son équipe Manuel Valls qu’en raison de son « forcing » démesuré.
Laurent Mauduit dresse un terrible réquisitoire contre le président actuel.
Sur la forme, nous sommes loin de la « république exemplaire », reproché à l’ancien président sous forme d’anaphore (moi président), et sur le fond (les idées).
Il y a beaucoup à dire.
Pour l’auteur, il y a un naufrage qui est train de se produire, qui laissera des traces.
Il reproche au président actuel de trahir ses idées ou plutôt de ne pas avoir d’idée, de se complaire dans une certaine inertie.
Un livre coup de poing.
« Ne pas rire, ni se lamenter, ni haïr, mais comprendre »Hegel (1770-1831)
« Je me révolte, donc nous sommes » L’homme révolté Albert Camus
« Ils tombèrent sans gloire. Le pis est leurs adversaires y furent pour peu de chose » Marc Bloch l’étrange défaite
« Tout commence en mystique et finit en politique » Charles Péguy Notre jeunesse
Laurent Mauduit, A tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient, éditions Donquichotte, septembre 2014, 432 pages, 19,90 euros.
Visuel : couverture du livre