Kosmograd, un futur sous la neige

Bonaventure nous entraîne dans un récit d’anticipation en BD sous une épaisse couche de neige, alors que l’humanité a atteint son point de bascule, vers un futur incertain.

A Kosmograd, la situation est électrique, désespérée. En plein hiver, une tempête destructrice s’approche, et la population est dans la rue pour manifester contre le pouvoir en place, la transnationale aux allures de dictature russe Kosmo. Au cœur des affrontements, Evane, Zoya et Paouk, trois jeunes femmes, entrent en possession de données qui pourraient remettre en cause le grand projet de station orbitale de Kosmo.

A un rythme soutenu, Kosmograd nous entraîne dans une course poursuite alors que l’humanité vit ses dernières heures sur la planète. L’album résonne fortement avec les enjeux de notre société actuelle : face au dérèglement climatique qui rend la Terre peu à peu inhabitable, les puissants, sous les traits d’une entreprise au pouvoir absolu et autoritaire, se sont tournés vers la colonisation de l’espace. Plutôt que d’essayer de sauver la planète et le reste de la population, ils préfèrent se mettre égoïstement à l’abri dans leur arche orbitale.

Kosmograd rappelle Blade runner par moments, avec son ambiance futuriste froide et nocturne, ses avancées technologiques dans la droite ligne de nos connaissances actuelles et cette révolte parfois désabusée contre l’inéluctable. Le futur proposé ici semble tout à fait probable, mais l’auteur ne cède pas au catastrophisme et nous laisse entrevoir une autre voie, entre croyances anciennes et révolte, toujours en lien à la Terre. Le dessin de Bonaventure, soutenu par une belle mise en couleur, est agréable et maîtrisé. Le seul bémol est une fin un peu trop abrupte, qui appellerait une suite, pour un album qui fait ce que la SF fait de mieux : parler de notre présent.

Kosmograd, de Bonaventure
120 pages, 18€ – Casterman

Visuel : couverture de l’album – © Casterman / Bonaventure