THOMAS BAYRLE

04 April 2012 | PAR air_de_paris

Thomas BAYRLE a toujours cité son expérience dans une usine de tissage
comme le détonateur formel de sa pratique artistique. Les entrelacs de fil, le motif de la chaîne de montage ont résonné avec la communication de masse, l’industrialisation de l’Europe des années 60 puis celle que connaît actuellement la Chine.
Les fils sont devenus réseaux autoroutiers, les motifs apparaissant à la faveur de l’accumulation d’éléments de nature différente. Mais toujours le tout se retrouve dans la partie, par un isomorphisme permanent, kaléidoscopique et vertigineux.
Pour sa seconde exposition à Air de Paris, Thomas BAYRLE présente des
oeuvres de différentes époques, rarement voire jamais montrées, ou alors très récentes.
Ainsi deux des rares peintures qu’il ait réalisées (1978, 1980) : peintes,
repeintes… non finies car impossible à finir par nature. Dans la peinture de grand format Putzen, les voitures, répétées, multipliées font apparaître le terme allemand pour car-wash, mais donnent surtout lieu à la représentation d’un« rêve de voiture ».
Dans les grandes oeuvres en cartons tissés de la série chinoise (2005), les
entrelacs de carton forment des caractères chinois qui entrent en résonnance avec l’image sérigraphiée. Forme et fond aboutissent à une paradoxale union.
Enfin, les oeuvres les plus récentes, de la série Agnus Dei, entrelacs
d’autoroutes devenant autant de portées pour des partitions de chants monastiques du Moyen-âge, retrouvent l’inspiration mystique de ses grands collages de 1985 montrés ici pour la première fois : les reliques de photographies de motifs urbains
donnent lieu à des grandes roses épanouies, qui rappellent la méditation d’Angélus Silésius « La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit… »
L’exposition met ainsi en évidence la portée métaphorique de cette expérience fondatrice de
l’usine de tissage, ainsi que la dimension spirituelle que, dès le départ, et paradoxalement, il a lui toujours associé. En effet, la monotonie de la chaîne de
montage renvoie pour lui à celle de l’expérience mystique1, et pas seulement à celle du consumérisme et de la communication de masse.
Voitures, autoroutes, villes, motifs : autant d’éléments d’une même chaîne de montage. Le matérialisme historique tout autant que les plus grands mystiques l’ont
toujours affirmé : tout est dans tout.

Ballet de l’Opéra de Lyon
VOZ’Galerie
air_de_paris

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