Il se trouve que les oreilles n’ont pas de paupières

Il se trouve que les oreilles n’ont pas de paupières

La musique est-elle seul plaisir ? N’est-elle pas aussi une forme de pouvoir ? Pour y répondre, les mots de Pascal Quignard et la musique de Benjamin Dupé se conjuguent dans un spectacle inclassable.

Lorsqu’un compositeur adapte un essai intitulé La haine de la musique, on peut s’attendre à tout. Benjamin Dupé se saisit de cette œuvre de Pascal Quignard paru en 1996 qui questionne l’influence puissante et ambiguë de la musique. Parce qu’il est impossible de fermer les oreilles comme on ferme les yeux, la musique fascine. Pour le meilleur et pour le pire. N’est-elle pas parfois une contrainte ? Un moyen de pression pour « faire obéir » ? Le texte, composé de fragments courts, aborde l’histoire de la musique et le phénomène du son, et nous fait passer d’un univers à l’autre, du conte fantastique au récit historique, de considérations philosophiques à des anecdotes personnelles. En amoureux de la musique, Benjamin Dupé répond à chaque séquence par des morceaux de sa composition. Pourtant, le spectacle n’est pas, qu’on se le dise, une conférence avec un fond musical pour « faire joli ». Dans sa quête de formes qui s’éloignent du concert traditionnel, Benjamin Dupé invente un dialogue théâtral entre les mots et le son. Chacun est à égalité : le comédien Pierre Baux qui fait vibrer le texte de Pascal Quignard et le quatuor à cordes virtuose. Entre le texte, la musique et le silence, une tension s’instaure. Le comédien, sur le fil, cisèle les mots de l’écrivain comme un chef d’orchestre, claquements de mains à l’appui. La partition du quatuor Tana évoque, ici une atmosphère, impose, là, une furieuse énergie, et par moments ose le burlesque. On est emporté. La musique est à la fois le sujet et le personnage principal du spectacle. Une véritable aventure pour l’écoute, qui montre que, finalement, seule la musique peut guérir de la haine de la musique.

http://www.nouveau-theatre-montreuil.com/fr/programme/il-se-trouve-que-les-oreilles-nont-pas-de-paupieres

IRIS
M’appelle Mohamed Ali
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