Florbelle (after Sade) par Vincent Romagny

24 September 2011 | PAR air_de_paris

avec Jay Chung & Q Takeki Maeda, Monica Majoli, Anne Laure Sacriste, Josef Strau, Benjamin Swaim, Virginia Overton

Vernissage le 20 octobre, 18h

ll ne nous reste rien du dernier roman écrit par le Marquis de Sade. Juste le titre – Les Journées de Florbelle ou La Nature dévoilée – et les indications qu’il s’était données lors de relectures. Ses Notes ne nous apprennent que très peu de choses sur le contenu du livre. Il s’agit d’indications qu’il s?adresse comme si elles venaient d’un autre, à l’impératif (« Otez, Rajoutez, Donnez, Peignez, Souvenez-vous… »). Il compte les feuillets, calcule le temps qu?il lui faudra pour en venir à bout, s’assure de la cohérence des actions avec la récurrence des personnages, tâche d’éviter des répétitions, décline des listes de lieux…

A proprement parler, il indique les opérations qu?il lui reste à faire pour corriger cet ultime roman. Ses Notes sont analogues à ses écrits, à leur structure. Il s?agit de descriptions d?opérations, dont l?énumération, le récit précède la réalisation. L?œuvre manquante devient prescription, intention, liste – programmatique et potentielle, loin de la subversion qu’elle prépare et pourtant rend possible.

Bien que chronologiquement secondes, par la disparition du texte qu’elles annotaient, les Notes pour Les Journées de Florbelle sont devenues originales. Indices des fantasmes de Sade enfermé dans l’asile de Charenton, elles deviennent elles-mêmes objet de fantasmes, malgré leur dimension spécifiquement textuelle. Elles nous forcent à opérer un recul critique : l’amendement d’une œuvre en est devenu une. Les Notes venaient « après », elles se sont affranchies de tout exercice de reprise. A cette condition elles permettent un après (after).

L’exposition Florbelle (after Sade) est alors l’occasion de lier une sélection d’œuvres à autant de Notes : qu’il s’agisse de prints (Jay Chung & Q Takeki Maeda, Monica Majoli, Virginia Overton), d’une pièce inédite (Josef Strau), ou d’œuvres choisies (Virginia Overton, Anne Laure Sacriste, Benjamin Swaim). Qu’elles conservent une forme préparatoire (Jay Chung & Q Takeki Maeda, Anne Laure Sacriste, Josef Strau) ou prennent la forme de leur inspiration (Virginia Overton), elles n’en oublient pas pour autant la dimension abrasive et irrationnelle (Monica Majoli, Benjamin Swaim) à laquelle elle n’en finissent pas de nous préparer.

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air_de_paris

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